De l’influence des camarades à la chirurgie plastique : pourquoi de plus en plus d’adolescents optent pour le scalpel

Par Tamara Nowicki
 
De plus en plus d’adolescents envisagent de subir une chirurgie plastique. Il est important de modérer les attentes.
 
Selon l’American Society of Plastic Surgeons, le nombre d’adolescents qui subissent une chirurgie plastique a doublé au cours des huit dernières années. En 2008 aux États-Unis, on rapporte avoir pratiqué un total de 219 000 chirurgies esthétiques sur des patients âgés de 13 à 19 ans. Bien que nous n’ayons pas de statistiques à cet effet au Canada, le DMirko Gilardino, chirurgien plasticien à L’Hôpital de Montréal pour enfants et en pratique privée, confirme que beaucoup d’adolescents cherchent à améliorer leur image corporelle en passant sous le bistouri.
 
Nous avons rencontré le Dr Gilardino pour discuter des raisons qui amènent les adolescents à opter pour la chirurgie plastique et des risques associés à ce type d’intervention.
 
Q : Quelles sont les raisons pour lesquelles les patients veulent subir une chirurgie à un si jeune âge? S’agit-il en majorité de filles ou de garçons? 
 
R : Un des types de chirurgie plastique que je pratique le plus chez les jeunes, tant les filles que les garçons, c’est la chirurgie mammaire. La plupart des jeunes filles que je rencontre sont très préoccupées par la taille de leurs seins, quoique dans certains cas, elles désirent subir une intervention pour corriger une malformation. Certaines filles présentent une asymétrie mammaire assez importante, par exemple quand un sein est beaucoup plus gros que l’autre. D’autres présentent une hypertrophie mammaire qui peut causer de graves douleurs au cou et au dos ainsi que d’autres problèmes fonctionnels. Il y a aussi des garçons qui veulent subir une chirurgie mammaire à cause d’une gynécomastie, une hypertrophie anormale des glandes mammaires chez les garçons durant la puberté.
 
Je traite aussi beaucoup de jeunes gens, garçons et filles, qui sont préoccupés par leur nez. Plusieurs ont de beaux visages, mais ils ne sont pas satisfaits de la taille ou de la forme de leur nez. Dans certains cas, ils veulent se faire opérer pour corriger un nez qui a été brisé ou régler des problèmes respiratoires.
 
En substance, les jeunes veulent être acceptés socialement, en particulier par leurs pairs, et l’image corporelle joue un grand rôle dans leur perception d’eux-mêmes.
 
Q : Lorsque vous êtes devant un adolescent qui veut subir une chirurgie plastique, sur quoi vous basez-vous pour déterminer si la chirurgie est la bonne option pour lui et s’il est un bon candidat?
 
: Un seul mot : maturité. La maturité joue un rôle majeur dans l’ensemble du processus. Au Québec, un jeune de 14 ans a le droit de signer un formulaire de consentement pour subir une intervention chirurgicale. Maintenant, dans le cas d’une chirurgie plastique et d’autres interventions de ce type, je crois qu’une importante composante émotionnelle entre en jeu, et il est primordial que l’adolescent soit accompagné d’un adulte de confiance qui le soutiendra tout au long du processus. L’adolescent peut s’attarder sur une toute petite chose, sans arriver à voir le portrait global. C’est là qu’un parent peut intervenir pour l’aider à voir les choses plus clairement ou à prendre des décisions appropriées.
 
Q : En général, après la chirurgie, les patients ont-ils davantage confiance en eux?
 
R : D’après mon expérience, je peux dire que plusieurs adolescents sortent de leur coquille après une chirurgie. Par exemple, après une réduction mammaire, des jeunes filles recommencent à faire du sport avec plaisir, à se tenir droites et à afficher une plus grande confiance en elles.
 
Q : Quel type de complications peuvent survenir lors d’une chirurgie plastique?
 
R : Il y a des risques associés à toute chirurgie. Quand une chirurgie est pratiquée uniquement pour des raisons esthétiques, nous choisissons des patients qui présentent le moins de facteurs de risque de complications. Les saignements et les infections comptent parmi les complications les plus fréquentes.
 
Le plus grand risque auquel je suis confronté, c’est la possibilité de ne pas combler les attentes du patient. Les adolescents et leurs parents doivent avoir des attentes réalistes face à ce que moi, en tant que chirurgien, je peux faire. Nous ne pouvons pas toujours arriver à ce que tout soit parfait. Si le patient n’arrive pas à comprendre cela, nous allons droit au-devant d’une complication. Si je rencontre un patient dont les attentes me semblent irréalistes, je refuse généralement de pratiquer la chirurgie, et je peux lui suggérer de demander une deuxième opinion à un autre chirurgien plasticien.