TDAH

 Par Richard Haber, M.D.
 

 « Je pense que le petit Mathieu devrait prendre des médicaments. » Voilà des mots qu’entendent de nombreux parents lorsqu’ils assistent à leur première rencontre parents-enseignants de l’année.

 Le TDAH (trouble de déficit de l’attention avec hyperactivité) est un trouble réel découlant d’une insuffisance de neurotransmetteurs dans les zones du lobe frontal qui nous aident à nous concentrer sur la tâche à accomplir. Les déficits d’attention se présentent souvent en comorbidité avec des troubles de l’humeur et de l’anxiété ainsi que des troubles d’apprentissage. Étant donné que la concentration est une astreinte fondamentale pour les enfants d’âge scolaire, c’est souvent à cet âge que les signes de TDAH se manifestent. En réalité, chez la plupart des enfants, des symptômes sont présents dès leur très jeune âge.

 On ne pose généralement pas de diagnostic avant l’âge de 7 ans, afin de laisser le processus de maturation du comportement suivre son cours et d’exclure les influences extérieures. Les symptômes doivent se manifester dans au moins 2 environnements distincts, comme l’école et la maison, et causer des troubles fonctionnels. Il est important d’écarter d’abord tout diagnostic de trouble envahissant du développement, d’autisme, d’anxiété, de dépression, de trouble bipolaire ou d’un autre trouble médical ou psychiatrique. Consultez les tableaux 1 et 2 pour connaître d’autres critères de diagnostic du DSM-IV(Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux).

 Le traitement doit intégrer plusieurs approches, et non pas se concentrer seulement sur les médicaments. Les groupes de soutien parental sont souvent utiles pour trouver des stratégies d’adaptation. Dans certains cas, il peut être nécessaire de suivre une thérapie comportementale individuelle ou familiale. Afin d’assurer les meilleurs résultats possible à l’école, il est aussi essentiel de communiquer et de coopérer avec l’enseignant de l’enfant. En outre, le tutorat dans des matières qui posent problème à l’enfant peut contribuer à améliorer le plan de traitement global.

 Dernier point, mais tout aussi important, les médicaments stimulants se sont révélés à la fois efficaces et sûrs, puisqu’ils atténuent les symptômes et permettent d’appliquer plus efficacement les autres stratégies.

 Tableau 1. Critères de diagnostic de l’inattention

Présence d’au moins 6 des critères suivants depuis au moins 6 mois causant des troubles fonctionnels à l’école :

    Il ne porte pas attention aux détails ou fait des erreurs d’inattention

    Il a de la difficulté à garder son attention sur une tâche ou un jeu

    Il ne semble pas écouter quand on lui parle directement

    Il ne se conforme pas aux consignes et a du mal à finir ses devoirs

    Il est désorganisé

    Il évite les tâches qui demandent une attention soutenue ou il les fait à contrecœur

    Il oublie ou égare souvent des objets nécessaires à un projet

    Il est facilement distrait par des stimulus externes

    Il a des oublis fréquents dans les activités de la vie quotidienne

 Table 2. Critères de diagnostic d’hyperactivité/impulsivité

Présence d’au moins 6 des critères suivants depuis au moins 6 mois ayant une incidence sur la vie de l’enfant :

    Il gigote, se tortille et a l’air agité

    Il se lève dans des situations où il doit rester assis

    Il court ici et là à des moments inappropriés

    Il a du mal à participer à des activités en silence ou dans le calme

    Il est fébrile ou « survolté », donnant l’impression d’avoir un moteur qui tourne à plein régime

    Il parle souvent trop

    Il répond aux questions avant qu’on ait fini de les poser

    Il a de la difficulté à attendre son tour

    Il interrompt souvent autrui et impose sa présence dans les jeux

 Richard Haber, M.D., FAAP et FRCPC, est professeur agrégé de pédiatrie à l’Université McGill et directeur du Centre de consultation pédiatrique à L’Hôpital de Montréal pour enfants. Il est également pédiatre communautaire.