Anorexie et boulimie, toujours d'actualité

La Clinique pour les troubles alimentaires de L’Hôpital de Montréal pour enfants reçoit chaque année de 80 à 100patients souffrant de troubles alimentaires. Ceux-ci se manifestent à l’adolescence surtout chez les filles. Selon Statistique Canada, 1% à 2% des femmes de 13 à 40ans souffrent d’anorexie et 2% à 4% souffrent de boulimie.

Ce qui est inquiétant, c’est que les patientes sont de plus en plus jeunes. « L’anorexie est une maladie qui se manifeste généralement après le début de la puberté », dit le DreFranziska Baltzer, chef de service à la clinique. Depuis trois ou quatre ans cependant, des enfants prépubères commencent à avoir des perceptions fausses de leur corps qui mènent à des comportements anorexiques. Ces maladies n’ont plus d’âge! Des filles de 8 ou 9ans se trouvent grosses », s’inquiète le DreBaltzer.

Selon elle, la société a un grand rôle à jouer dans cette tendance. « Les magazines de mode pour les jeunes présentent la minceur extrême comme étant séduisante. Il n’y a pourtant rien de moins séduisant qu’un corps maigre!».

Elle déplore l’hypersexualisation des jeunes filles et le culte de la minceur qui est visiblement répandu. À preuve, le poids est un sujet populaire sur les forums pour adolescentes. Le site du magazine Filles Cool propose même des sites comme Belle et Mince, 123maigrir et La Clinique Montignac dans ses liens utiles.

Comme parent, vous avez un énorme rôle à jouer dans le développement physique et psychologique de votre enfant. Mais pour bien le jouer, il est important d’être informé et sensibilisé au sujet de ces troubles.

L’anorexie et la boulimie

L’anorexie se caractérise par une peur intense de prendre du poids, une obsession de la minceur et un refus de s’alimenter. La personne touchée par ce trouble se perçoit grosse et fait tout ce qu’elle peut pour ne pas prendre de poids; tous les moyens possibles sont mis à contribution pour éviter de manger.

La personne souffrant de boulimie consomme des quantités importantes de nourriture, puis recoure à tous les moyens possibles pour éviter de prendre du poids, comme les vomissements, les purgatifs, les jeûnes et les exercices intenses.

Souvent, des troubles tels que la dépression, l’anxiété, l’obsession ainsi qu’une faible estime de soi accompagnent ces maladies.

Les causes

Parmi les facteurs qui favorisent les troubles alimentaires, on identifie une composante génétique spécifique aux troubles de l'alimentation ainsi qu’un facteur héréditaire. Il arrive qu’un des deux parents ait eu des comportements nutritionnels anormaux.

Les jeunes qui souffrent de ces maladies doivent être capables de s’astreindre à une discipline extrême; c’est pourquoi la persévérance, l’ambition, l’obsession et la tendance au perfectionniste sont des traits de caractère que l’on associe souvent à ces troubles.

Des expériences personnelles traumatisantes, comme des agressions, de la violence morale ou physique, des ruptures ou un contexte familial trop sévère, peuvent aussi être en cause.

La société et son culte extrême de la minceur, les magazines de mode et leurs mannequins squelettiques, les vedettes et la mode elle-même envoient tous le même message, soit celui qu’être mince, c’est être belle.

On note aussi que certains milieux peuvent influencer l’apparition de ces troubles, notamment les écoles réservées aux filles, certains sports comme la gymnastique et la natation, ou encore des métiers liés au monde du spectacle comme la danse, la mode et le cinéma.

Déceler le problème chez son enfant

Le comportement des personnes souffrant d’anorexie ou de boulimie change. Prêtez attention aux signes suivants :
  • Modifications des habitudes alimentaires (couper dans les desserts et la nourriture grasse, compter les calories).
  • Excuses pour éviter de manger en même temps que tout le monde : « J’ai déjà mangé »; « je n’ai pas faim tout de suite »;« je vais manger plus tard ».
  • Fluctuations de poids (boulimie).
  • Longues périodes passées dans la salle de bain avec, à l’arrière plan, l’eau du robinet qui coule (boulimie).
  • Travail acharné sur les projets scolaires, volonté de réussite hors du commun.
  • Isolement, renfermement sur soi.
  • Troubles de sommeil.
  • Exercices excessifs
Le rôle des parents
 
Votre attitude peut influencer un enfant fragile; votre rôle est donc crucial.
  • Évitez de critiquer le corps de votre enfant et d’accorder trop d’importance à l’apparence physique des autres.
  • Ne condamnez pas les aliments gras ou caloriques.
  • Parlez des bienfaits des aliments et de l’exercice.
  • N’utilisez pas la nourriture pour faire du chantage.
  • Faites attention à vos propres comportements face à la nourriture.
  • Expliquez à votre enfant les dangers reliés aux régimes.
  • Soyez attentif aux modèles de vos enfants (actrices, mannequins) et expliquez-leur que ce n’est pas un idéal absolu.
  • Accordez du temps aux repas et faites-en une activité familiale.

Si vous pensez que votre enfant souffre d’un de ces troubles alimentaires, il est essentiel que vous abordiez le sujet avec lui. Ces maladies peuvent entraîner la perte de cheveux, un ralentissement du métabolisme, un mauvais fonctionnement de la glande tyroïde, l’arrêt des menstruations, un épuisement, des troubles cardiaques, de l’anémie ou de l’ostéoporose. Les troubles alimentaires peuvent être fatales (20% des personnes atteintes en meurent).

I
l faut aborder directement la question avec l’enfant et y faire face avec lui, car il n’est pas en mesure d’aller chercher de l’aide lui-même. « Il faut briser le silence » dit le DreBaltzer. « Les troubles alimentaires sont une dépendance, comme l’alcoolisme. Il est donc important d’obtenir l’aide d’un professionnel de la santé. »