Cécité : Des traitements issus de découvertes génétiques

Un profil de Robert Koenekoop, M.D., Ph. D.

Par Alison Burch et Robert Koenekoop
 
Directeur du Département d’ophtalmo-logie pédiatrique de L’HME, le Dr Robert Koenekoop a toujours été fasciné par le fait que les bébés naissent avec une mauvaise vue et qu’ils développent une vision normale au cours de leur première année de vie.
 
« Toute interruption dans ce délicat processus mène à la cécité », explique-t-il. La recherche qui a cours dans son Laboratoire de génétique oculaire à McGill est née de son désir d’être utile en étudiant les gènes importants pour le développement et le fonctionnement de la rétine.

Les causes de la cécité sont très souvent héréditaires, souligne le Dr Koenekoop, et il n’existe à ce jour aucun traitement pour la guérir. Cependant, la recherche vient révolutionner le traitement de l’amaurose congénitale de Leber (ACL) et la rétinite pigmentaire. Dans ces maladies, la perte de vision est due à une agression génétique menant à la mort des cellules photoréceptrices ou à un dysfonctionnement cellulaire. Le laboratoire du Dr Koenekoop contribue à la découverte de nouveaux gènes et mécanismes en plus de tester de nouveaux traitements reposant sur ces découvertes.

« Je suis heureux de m’être engagé dans ce secteur florissant il y a 15 ans, déclare le Dr Koenekoop, car nous vivons maintenant une véritable révolution des idées, et que la cécité est en partie traitable grâce au remplacement génique ou à la pharmacothérapie. »
 
La curiosité qui anime un chercheur était présente chez le Dr Koenekoop dès son jeune âge. Élevé en Hollande, il s’intéressait à la biologie, à l’histoire naturelle et aux sports. « Je ramassais tout ce que je pouvais trouver dehors dans les ruisseaux, la mer, le bois, j’ai aussi beaucoup joué au soccer, et je me suis mis à faire de la course et du vélo », se rappelle-t-il. Ces activités l’ont amené à étudier la biologie et la biologie des populations à l’Université d’Utrecht.

Il s’est dirigé vers la médecine et McGill après un doctorat en biologie moléculaire à l’Université Clark au Massachusetts. À McGill, le Dr Koenekoop espérait se joindre à un groupe unique de cliniciens-chercheurs disposant de toute leur liberté créatrice pour aller au bout de leurs idées.

« Après ma résidence en ophtalmologie, je pouvais voir les répercussions que pouvaient avoir les études génétiques sur les maladies oculaires, en particulier sur les troubles de la vision liés à la rétine », souligne le Dr Koenekoop. À McGill et à L’HME, son travail recoupe deux frontières du spectre de la recherche. « D’un côté, notre travail en science fondamentale nous amène à découvrir de nouveaux gènes de la cécité infantile grâce à une variété de nouvelles techniques, et de l’autre côté, nous testons de nouveaux médicaments pour la cécité infantile sur des enfants chez lesquels nous avons identifié des anomalies génétiques précises. »

Le Laboratoire de génétique oculaire de McGill, en collaboration avec l’Université de Nimègue aux Pays-Bas et avec l’Université Baylor aux États- Unis, a découvert les quatre derniers gènes de l’ACL sur les quinze identifiés à ce jour et deux nouveaux gènes de la rétinite pigmentaire.
 
Un gène découvert par un autre groupe, le gène RPE65, s’est avéré traitable par remplacement génique — d’abord sur des souris aveugles, puis sur des chiens aveugles et plus récemment sur des humains. Plus de 30 personnes ont été traitées, incluant des enfants, et certaines ont recouvré la vue. Cette découverte a donné lieu à un nouveau médicament contre la cécité qui contourne le blocage génétique dans le cycle rétinien.
 
Le laboratoire du Dr Koenekoop participe au premier essai clinique chez l’humain d’un médicament pour les patients atteints d’ACL présentant les mutations LRAT ou RPE65 (QLT, Vancouver). Les premiers résultats suggèrent l’existence de photorécepteurs dor-mants qui peuvent être réactivés par remplacement génique ou pharma-cothérapie, confirmant que les découvertes génétiques peuvent mener à une meilleure compréhension des mécanismes d’évolution des maladies, puis à des traitements.