Division d’hématologie-oncologie : un groupe aussi diversifié que déterminé

Joshua avait sept ans quand il est retourné à L’Hôpital de Montréal pour enfants (L’HME) du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) pour être opéré de nouveau. Depuis qu’il est tout petit, il a passé beaucoup de temps à l’hôpital, traité pour plusieurs tumeurs cérébrales. À la suite de la réapparition d’une tumeur, qui exerçait une pression sur son nerf optique et nuisait à sa vision, une autre opération était prévue. Heureusement pour Joshua, les chances étaient de son côté.
 
« Au cours des 20 dernières années, le taux de survie relatif à cinq ans pour toutes les formes de cancer chez les enfants a augmenté, passant d’environ 50 % à plus de 70 % », explique le Dr Blair Whittemore, directeur par intérim de la Division d’hématologie-oncologie de L’HME du CUSM. « Cette amélioration de la survie n’est pas seulement attribuable aux meilleurs médicaments; c’est aussi le reflet de l’avancement de la technologie, des techniques chirurgicales et de la formation. »
 
Et heureusement pour Joshua et pour les autres patients atteints de cancer, L’Hôpital de Montréal pour enfants permet de tirer profit des plus récentes méthodes de traitement, de la technologie la plus moderne qui soit et d’une expertise de renommée mondiale.
 
Améliorer la santé et le bien-être des enfants
 
La mission de la division est d’améliorer la santé et le bien-être des enfants aux prises avec des problèmes hématologiques et oncologiques grâce à d’excellents soins cliniques empreints de compassion, à la recherche et à la formation. C’est un mandat de taille pour n’importe quel département, mais le défi est encore plus grand pour une division qui chevauche deux disciplines cliniques, l’hématologie et l’oncologie. Heureusement, depuis plus de 50 ans, la division a su répondre aux besoins de ses jeunes patients. Le Centre de traitement de jour reçoit chaque année plus de 6 000 visites de patients.
 
Premier système d’IRM peropératoire dans un hôpital pédiatrique au Canada
 
La division compte sur une équipe de 20 membres et profite des avantages d’avoir un système d’imagerie par résonance magnétique (IRM) peropératoire, le tout premier du genre installé dans un hôpital pédiatrique au Canada. En plus d’offrir des soins médicaux exceptionnels, les membres de la division ont aussi à cœur de combler les besoins psychosociaux de leurs jeunes patients. Le programme de soins pédiatriques contre le cancer rassemble des psychologues, des art-thérapeutes, des massothérapeutes, des musicothérapeutes, des psychiatres, des nutritionnistes, des éducateurs en garderie, des travailleuses sociales, des pharmaciens, des aumôniers et des infirmières spécialisées, qui tous participent à la coordination d’un plan de traitement complet pour chaque enfant. La Clinique de neurochirurgie-oncologie quant à elle assure la continuité et le suivi des soins auprès des patients atteints de tumeurs du cerveau et de la moelle épinière. L’équipe clinique se compose de neurochirurgiens, de neuro-oncologues et d’un radio-oncologue.
 
Comme c’est le cas dans plusieurs départements, les infirmières jouent un rôle critique. « Nos infirmières, qui doivent assurer à la fois les soins de tous les jours et les relations avec les patients en externe, font un travail extraordinaire », affirme Ann Marie Suess, infirmière-chef de la Division d’hématologie-oncologie. « Elles travaillent avec les enfants de l’hôpital et de la communauté, mais aussi avec des CLSC et des organismes comme Leucan pour s’assurer que les patients et les familles reçoivent les meilleurs soins possible. Les compétences de nos infirmières ont d’ailleurs été reconnues par l’agrément de la FACT (Foundation for the Accreditation of Cellular Therapy), ce qui signifie qu’elles ont satisfait aux exigences démontrant leur volonté à maîtriser chaque élément qui a des répercussions sur la qualité des produits et des soins thérapeutiques. »
 
Joshua a bénéficié du programme de soins pédiatriques contre le cancer et de l’expertise clinique des membres de la division. Comme sa tumeur était située dans une zone névralgique, on ne pouvait en retirer qu’une partie. Mais grâce à l’IRM peropératoire, qui fournit des données instantanées pendant la chirurgie, la plus grande partie de la tumeur maligne a été excisée. L’intervention a permis de soulager la pression exercée sur le nerf optique de Joshua, et sa vision a pu être épargnée. Avec les neurochirurgiens émérites qui pratiquent les interventions chirurgicales, les anesthésistes qui endorment les enfants par une procédure souvent longue et délicate, et les radiologistes qui sont disponibles en tout temps pour interpréter les images et conseiller sur les suites éventuelles de la chirurgie en temps réel, L’HME possède une expertise qui fait de ce programme un outil unique et un atout majeur pour traiter les enfants souffrant d’une tumeur cérébrale.
 
« Cette division est unique et solide, souligne le DWhittemore. Chacune de nos équipes est bien formée, respectée et joue un rôle très important pour assurer la prise en charge de la famille et du patient. »
 
« Nous avons une formidable équipe interdisciplinaire qui a la faculté de sortir des sentiers battus, convient Mme Suess. Par exemple, nous cherchons sans cesse de nouvelles approches pour aider les familles à surmonter le stress lié au diagnostic, qu’il s’agisse de méditation, de zoothérapie ou de pierres personnalisées qui aident les enfants à se concentrer. Les résultats de notre plus récent sondage sur la satisfaction des patients confirment le travail extraordinaire accompli par tous les membres de l’équipe, des infirmières aux médecins en passant par les pharmaciens. »
 
La recherche : la clé du traitement du cancer
 
« Les gens voient le terme cancer comme un mot, une chose », explique la Dre Nada Jabado, chercheuse et clinicienne à L’Hôpital de Montréal pour enfants, qui étudie les tumeurs au cerveau. « La réalité, c’est qu’il existe plusieurs cancers différents. Et il est important de noter que les cancers pédiatriques ne sont pas du tout comme les tumeurs malignes chez l’adulte. Ils présentent des différences sur le plan du mécanisme biologique et de la réaction aux traitements. »
 
Des chercheurs comme la Dre Jabado et ses collègues tentent de comprendre pourquoi les traitements échouent à l’occasion. « Nous ciblons les tumeurs qui résistent au traitement ou qui donnent lieu à des rechutes à la suite d’un traitement. C’est là que la recherche fondamentale joue un rôle capital. »
 
Son travail consiste à comprendre les événements et les voies moléculaires responsables de la formation des astrocytomes chez l’enfant – la tumeur cérébrale infantile la plus courante. « Nous savons que les tumeurs suivent des cycles de croissance. Nous voulons savoir ce qui conditionne cela, puis trouver une façon de cibler spécifiquement cette cause à l’aide de la chimiothérapie. »
 
Récemment, la Dre Jabado et ses collègues ont fait une percée majeure en génétique, percée qui pourrait changer la manière de traiter les cancers chez l’enfant dans l’avenir. En fait, les chercheurs ont identifié deux mutations génétiques en cause dans près de 40 % des glioblastomes chez les enfants, un cancer du cerveau mortel qui souvent ne répond pas à la chimiothérapie ou à la radiothérapie.
 
« Cette recherche pourrait expliquer pourquoi les traitements conventionnels ne sont pas efficaces contre le cancer chez les enfants et les adolescents – nous n’avons pas visé juste », de dire la Dre Jabado. « Il est maintenant clair que le glioblastome chez les enfants est causé par des mécanismes moléculaires qui diffèrent de ceux des adultes, et qu’il ne doit pas être traité de la même façon. Ce qui est important, c’est que nous savons maintenant vers où concentrer nos efforts et nos traitements au lieu de travailler dans le noir. »  
 
D'autres chercheurs de L’HME, comme le Dr Janusz Rak, étudient la formation des vaisseaux sanguins (angiogenèse) qui alimentent les tumeurs. Il croit qu’en inhibant la croissance de ces vaisseaux, la tumeur ne recevrait plus les nutriments dont elle a besoin et elle mourrait. « C’est une nouvelle approche de traitement du cancer », dit-il. En 2008, les lecteurs de Québec Science ont d’ailleurs choisi la recherche du Dr Rak comme Découverte de l’année.
 
Trouver la bonne pharmacothérapie pour les enfants
 
C’est tout un défi que d’identifier le bon traitement pour les diverses affections malignes de l’enfant, car la plupart des essais sur les médicaments sont effectués sur des adultes. Selon la Dre Jabado, il y a peu d’initiatives visant à découvrir des médicaments pour les enfants, car les tests cliniques sont difficiles à réaliser. De plus, il n’y a pas suffisamment d’enfants atteints de certains types de cancer pour faire des essais qui fourniraient des résultats significatifs d’un point de vue statistique.
 
Pour remédier à ce problème, L’Hôpital de Montréal pour enfants participe activement au groupe d’oncologie pédiatrique, mieux connu sous l’acronyme COG (Children’s Oncology Group), dont il a été un membre fondateur il y a 50 ans. Le COG est le plus important organisme de recherche au monde sur les cancers infantiles, et il mobilise actuellement plus de 200 centres participants à travers le monde, dont des hôpitaux pour enfants, des universités et des centres de cancérologie. En regroupant les patients enrôlés dans les essais cliniques de ces différents centres, les résultats deviennent statistiquement significatifs. Le COG mène environ 100 études combinées à la fois. Ces essais s’intéressent à divers traitements du cancer, à la biologie des différents cancers, à la meilleure manière d’offrir des soins de soutien et à la survie.
 
« Grâce à des initiatives comme celle du COG et d’autres consortiums pédiatriques canadiens et internationaux, et à des initiatives locales, les patients sont traités de manière plus uniforme et plus précise, souligne la Dre Jabado. Environ 85 % de nos patients atteints de cancer sont enrôlés dans un protocole de recherche clinique. Leurs familles comprennent tout l’avantage de leur participation et le potentiel de ce type de recherche. »
 
Quand un enfant est traité en vertu d’un protocole COG, tous les renseignements concernant le diagnostic du patient, le traitement et les résultats sont recueillis et analysés. Les constatations sont ensuite publiées pour que tous les membres du COG en prennent connaissance, afin que les tumeurs rares puissent être étudiées beaucoup plus efficacement.
 
Clinique de suivi à long terme et Clinique musculo-squelettique
 
Mise sur pied par la Dre Sharon Abish au début des années 1990, la Clinique de suivi à long terme de la division, destinée aux enfants qui ont survécu au cancer, est l’une des plus anciennes du genre au Canada. En assurant la continuité des soins à l’âge adulte à une population de patients fragiles qui a des besoins particuliers, nous pouvons aussi mieux comprendre le type d’effets secondaires – ou l’absence d’effets secondaires – à long terme chez ces enfants. Par ailleurs, le Dr David Mitchell offre des soins aux patients atteints de divers cancers musculosquelettiques. Ces cancers nécessitent souvent une chimiothérapie intensive et des interventions chirurgicales plus agressives pour obtenir une rémission prolongée.
 
Troubles hématologiques
 
Outre ses programmes d’oncologie pédiatrique, la Division d’hématologie-oncologie procède au diagnostic et au traitement complet des troubles hématologiques non cancéreux chez l’enfant. Certains programmes axés sur des maladies comme la drépanocytose et l’hémophilie ne reçoivent parfois que 10 nouveaux patients par année, mais l’équipe continue à soutenir les enfants qui ont déjà reçu un diagnostic et, dans certains cas, à traiter des adultes. Le programme de la Clinique de thalassémie de L’Hôpital de Montréal pour enfants est le plus important programme du genre au Québec; on y propose des services de dépistage pour les adolescents et de la formation pour les familles. 
 
« Alors que la population du Québec devient de plus en plus cosmopolite, nous voyons changer le profil démographique de ces maladies, explique le Dr Whittemore. Les présomptions antérieures pourraient ne plus s’appliquer, c’est pourquoi il est important de continuer à sensibi iser à la fois notre personnel et les patients. »
 
Par ailleurs, le personnel de la division traite aussi des patients souffrant de thrombocytopénie, d’anémie, de troubles de la coagulation et d’immunodéficience.
 
Un programme de transplantation de cellules souches, dirigé par le Dr David Mitchell, offre des traitement aux patients aux prises avec des affections malignes, une immunodéficience et des troubles métaboliques rares. On y fait des greffes autologues, des greffes de donneurs non apparentés, des greffes entre frères ou sœurs ainsi que des greffes de sang ombilical.
 
Service diversifié = Formation exhaustive
 
Chaque année, la Division d’hématologie-oncologie forme d’un à trois résidents spécialistes, sous la gouverne du Dr Adam Fleming, directeur du programme.
 
« Notre programme de formation est l’un des plus longs, explique le Dr Whittemore. Après trois ou quatre ans de résidence en pédiatrie, nos médecins doivent suivre une formation d’au moins trois autres années en hématologie-oncologie. »
 
En plus d’acquérir de l’expérience clinique, les résidents sont encouragés à participer à des protocoles de recherche clinique et à se familiariser avec le laboratoire d’hématologie clinique. Ils doivent notamment comprendre le fonctionnement de la banque de sang et passer en revue l’ensemble des analyses et des frottis sanguins et les tests de moelle osseuse.
 
« La Division d’hématologie-oncologie offre une gamme complète de service, de A à Z. Il n’y a aucun maillon faible », conclut la Dre Nada Jabado.
 
Il est heureux que des patients comme Joshua puissent profiter de tout cela. Après son opération et ses traitements, Joshua est rentré à la maison et a repris une vie normale.