Services scolaires à l’Hôpital de Montréal pour enfants

Étudier à l'hôpital : des professeurs aident les patients à réussir

Le département des Services scolaires de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) est petit, mais drôlement important. Il se compose de cinq professeurs des niveaux primaire et secondaire qui sont employés à plein temps par la Commission scolaire de Montréal et la Commission scolaire English-Montréal. Par le biais de leur enseignement et de leurs cours, les professeurs Sylvie Dubuc, Sahmadia Bouhend, Katy Desrochers, Peter Tsatoumas et David Weiss offrent à nos patients une chance d’avoir un semblant de routine dans leur vie quand leurs journées sont tout sauf routinières.

« L’une des constantes dans la vie d’un enfant, c’est l’école; c’est pourquoi nous redonnons à leur vie un semblant de normalité, explique David. Quand on dit à des enfants qui sont hospitalisés qu’ils doivent faire des devoirs, ils réagissent rarement négativement; et leurs parents sont heureux eux aussi, parce que ça crée une certaine routine en plus de briser le cycle de l’ennui. »

Leçons hors classe

Marvin Cesar est un patient de l’HME depuis aussi longtemps qu’il se souvienne. « J’ai été hospitalisé quand j’étais enfant à cause d’un problème de coeur, se rappelle-t-il, puis à l’âge de 7 ans, j’ai commencé à être traité pour des problèmes aux reins. » Il y a un an et demi, alors qu’il avait 16 ans, Marvin a dû commencer des traitements d’hémodialyse à cause de ses problèmes rénaux, à raison de trois jours par semaine. Cet adolescent actif s’est soudainement retrouvé à passer plus de temps à l’hôpital qu’à l’école avec ses amis. « Je me souviens que Sylvie est venue me voir pour me demander si je souhaitais travailler avec elle, et j’ai dit oui. »

Sylvie Dubuc est arrivée à l’HME il y a 13 ans, après sept années passées aux Services scolaires du CHU Sainte-Justine. Elle compare le travail d’un professeur dans un hôpital à celui d’une infirmière dans une école. « Il faut s’adapter. La priorité ici, c’est la santé de l’enfant; parfois, l’école vient en second, et c’est correct. »

Les professeurs font partie de l’équipe de soutien, rapporte Sylvie. « L’école contribue à la santé des enfants parce qu’elle représente la vie réelle; ils obtiennent des notes à la fin du semestre, et ça leur donne un but pour continuer à travailler. » Les professeurs sont souvent en contact avec l’école des patients pour s’informer du travail à faire, des devoirs à finir et des examens à venir afin que les patients puissent suivre le rythme de leurs pairs en français et en mathématiques. Quant à son travail avec  arvin, Sylvie précise : « Je voulais vraiment qu’il atteigne son plein potentiel. »

Un moment que l’on n’est pas prêt d’oublier

Le 3 mai, quelques semaines avant le 18e anniversaire de Marvin, Sylvie est entrée à l’unité d’hémodialyse pour travailler avec Marvin. « Il était couvert de la tête aux pieds, et comme les couvertures étaient blanches, je lui ai dit qu’il avait l’air d’un ange, raconte-t-elle. Quand je lui ai demandé s’il était prêt à travailler, il m’a répondu qu’il n’avait pas encore mangé. Ça nous a semblé étrange à tous les deux étant donné qu’il était déjà 13 heures. » Ils ont donc convenu de remettre le cours à plus tard, quand Marvin aurait mangé.

À son retour, Sylvie a appris que Marvin venait d’avoir une nouvelle qui allait changer sa vie. Le Dr Martin Bitzan, néphrologue pédiatre, lui avait appris qu’un donneur compatible avait été trouvé et que Marvin allait bénéficier d’une greffe de rein. « Peu après avoir eu la nouvelle, se souvient Marvin, on m’a envoyé en préop, et le soir même je recevais ma greffe. »

« Marvin était excité, abasourdi par la surprise, mais en même temps radieux! Ce visage-là, je ne l’oublierai pas de si tôt! J’étais tellement contente pour lui,se rappelle Sylvie. Quand je suis allée le visiter à l’unité de soins intensifs après l’opération, il était assis dans son lit en train de regarder au loin par les immenses fenêtres de sa chambre. Je me souviens avoir pensé qu’il avait l’air d’un prince qui contemple son royaume, à la fois sérieux et paisible. »

L’importance du soutien du professeur

Leur collaboration n’a pas pris fin avec l’opération. Quand Marvin a été transféré à l’unité de soins intensifs au B.07 Nord pour récupérer, Sylvie et sa collègue ont poursuivi leurs cours. Pendant plus d’un an, du début des traitements d’hémo - dialyse à son rétablissement après sa greffe de rein, Marvin a travaillé avec ses professeurs et cette discipline a rapporté gros. « J’ai réussi mon année et j’en suis fier », dit-il.

Marvin fait l’éloge de l’aide que les Services scolaires lui ont apportée, et il est reconnaissant. « Je tiens vraiment à remercier mes professeurs; elles étaient là pour m’aider. » Marvin est encore à l’école et les choses vont bien. De temps à autre, il envoie un texto à Sylvie avec une question concernant ses devoirs, et elle lui répond volontiers. Quand on l’interroge sur ses projets d’avenir, Marvin répond : « Je veux devenir physiothérapeute, c’est quelque chose qui m’intéresse ». Il envisage aussi de, peut-être, travailler un jour à l’Hôpital de Montréal pour enfants.

Enseigner à l’hôpital, c’est participer à la réadaptation du patient

David et Peter, qui travaillent à l’HME depuis trois et quatre ans respectivement, nous expliquent ce que c’est que de travailler dans un milieu hospitalier. « Quand vous parlez à des professeurs qui enseignent dans les écoles, ils peuvent mesurer les subtilités du travail en milieu hospitalier, et l’impact émotionnel que ce travail peut avoir, explique David. Vous travaillez avec des patients qui ne sont pas toujours dans des situations très heureuses. »

Les deux professeurs ont exercé leur profession dans des écoles, mais ils adorent ce milieu. « Certaines personnes s’épanouissent dans le quotidien d’une salle de classe; moi j’aime le fait que tout peut arriver quand je suis avec un étudiant : des résidents s’arrêtent pour leur ronde, les infirmières viennent voir l’état du patient, des clowns surgissent… », raconte Peter. L’un des avantages qu’ils voient à travailler dans un tel milieu, c’est qu’ils peuvent modifier les cours en fonction de chaque personne. « J’aime pouvoir travailler avec des enfants et leur donner exactement ce dont ils ont besoin, poursuit Peter. Nous travaillons de façon individuelle avec les patients et nous pouvons adapter le cours à leur niveau. »

Le travail est enrichissant. « À l’hôpital, vous faites partie d’un ensemble plus vaste, explique David. Les professeurs font partie de l’équipe multidisciplinaire, et je pense que nous jouons un rôle dans le processus de réadaptation du patient, un aspect qui est absent du cadre formel d’une classe. »