Les commotions cérébrales n’ont rien d’un jeu

L’équipe de traumatologie de L’HME se prononce : jouez de prudence
 
Par Christine Zeindler
 
Il lance, compte et heurte la bande. Lorsqu’il s’écroule, sa tête percute la glace. La foule retient son souffle jusqu’à ce qu’il se relève en titubant. Le coup ne semble pas trop mauvais, mais l’entraîneur le garde sur le banc pendant le reste de la partie. Un murmure traverse la foule : était-ce nécessaire?
 
Selon Debbie Friedman, directrice du département de traumatologie à L’Hôpital de Montréal pour enfants (L’HME), l’entraîneur a fait ce qu’il fallait. Un coup à la tête qui n’est pas soigné à temps peut avoir de graves conséquences. « Lorsqu’un joueur éprouve des nausées, des maux de tête, des étourdissements ou des vomissements, il montre des signes de commotion cérébrale et il doit être retiré du jeu immédiatement, dit-elle. Le joueur doit être examiné le plus tôt possible par un médecin. Et s’il a une commotion cérébrale, il doit prendre cela au sérieux : son cerveau a été blessé. »
 
« Nous avons remarqué que Sébastien n’était pas bien uniquement à notre retour à la maison », raconte Véronique Chartrand. Sébastien, dix ans, a été victime d’un tacle brutal en jouant au soccer. « Quand il a commencé à vomir et à se plaindre de maux de tête, nous l’avons conduit à notre hôpital local puis, comme ses symptômes ne s’atténuaient pas, à L’Hôpital de Montréal pour enfants. » On a alors diagnostiqué une commotion cérébrale, et il a été transféré à la Clinique de commotion cérébrale de L’HME.
 
Le casque ne prévient pas toujours les commotions cérébrales
 
Une commotion cérébrale est une perturbation de la fonction cérébrale causée par un coup direct à la tête ou au corps. « Un casque porté correctement réduit les risques de graves traumatismes cérébraux, mais il ne protège pas totalement le cerveau, explique Mme Friedman. Le cerveau bouge à l’intérieur du crâne. Au moment d’un choc ou d’une chute, il peut se déplacer d’un côté à l’autre et causer des lésions. »
 
Rester sur le banc : le meilleur traitement
 
Chaque année, plus de mille patients sont traités à L’HME pour une commotion cérébrale attribuable à la pratique d’un sport. Lorsque le diagnostic est posé, ces patients ont besoin de temps pour guérir. « Pendant les deux premières semaines, le repos est la seule façon de récupérer », explique Isabelle Gagnon, chercheuse et physiothérapeute en traumatologie à L’HME. « Les athlètes qui jouent alors qu’ils présentent encore des symptômes risquent d’autres blessures. Et des effets cumulatifs peuvent apparaître si une autre commotion survient peu après. »
 
Reprendre le jeu
 
Lorsque les joueurs ne ressentent plus de symptômes depuis au moins une semaine, ils peuvent reprendre graduellement leurs exercices sur une période de plusieurs jours avant de revenir au jeu. « Nous comprenons la pression que subissent certains de ces enfants pour jouer, précise Mme Friedman. Nous leur expliquons à quoi s’attendre durant la période de récupération, nous les guidons pour leur retour à l’école et nous les encourageons à reprendre graduellement leurs activités en toute sécurité. »
 
Afin d’aider les parents, les entraîneurs, les enseignants et les athlètes à mieux comprendre les commotions cérébrales et leurs répercussions, les spécialistes de la traumatologie de L’HME ont mis au point un certain nombre de ressources. Le KiT pour les commotions cérébrales est une initiative éducative qui a pour objectif de mieux sensibiliser les gens aux commotions cérébrales, et de les aider à identifier et à soigner ces commotions. Le site Web du département de traumatologie de L’HME (www.hopitalpourenfants.com/trauma) est aussi une excellente source de renseignements.
 
« Les commotions cérébrales doivent être prises au sérieux et traitées comme il se doit, ajoute Mme Friedman, autrement les conséquences peuvent être très graves et durables, et entraîner une incapacité à vie chez certaines enfants et adolescents. »