Une affaire de famille : la présence parentale à l’induction diminue le stress pour tous

Matis, six ans, est né avec une atrésie de l’œsophage. Il n’avait que six heures quand il a subi sa première opération, et depuis, il a été opéré plus d’une dizaine de fois. Ses parents Mélanie et Stéphane racontent que les opérations que Matis a subies étant bébé ne l’ont pas vraiment marqué; mais en grandissant, il comprenait mieux ce qui l’attendait et ça le rendait très anxieux, tout comme eux. Heureusement, un programme spécial de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) a permis de faire toute une différence pour cette famille. Unique au Québec, le programme de présence parentale à l’induction (PPI) est dirigé par Sabrina Drudi, éducatrice en milieu pédiatrique. Sabrina travaille en collaboration avec le département d’anesthésie afin de réduire le stress lié à une opération chez les patients et les familles.

Préparer l’enfant, réduire l’anxiété

Sabrina travaille à l’HME depuis 10 ans. En 2011, elle a mis au point le programme de PPI, en partenariat avec le personnel du bloc opératoire. La première année, elle a vu plusieurs dizaines de patients. Aujourd’hui, grâce au soutien de la Fondation de l’HME et de l’un de ses généreux donateurs, Sabrina reçoit chaque année environ 600 patients accompagnés de leur famille. Le jour de l’opération de Matis, c’était la troisième fois que Sabrina les préparait lui et ses parents pour une opération. Sabrina adapte chaque séance à l’âge du patient, à son stade de développement, à son niveau d’anxiété et à son expérience du milieu hospitalier. Dans le cadre du programme, l’enfant est accompagné en salle d’opération par l’un de ses parents; Sabrina doit donc travailler étroitement avec les parents pour répondre à leurs questions et les préparer à ce qui les attend. Elle utilise toutes sortes de moyens allant de l’imagerie guidée à la musique en passant par les jeux pour aider les enfants et les adolescents à vivre une expérience plus positive.

La rencontre de Sabrina avec Matis et ses parents a duré environ 45 minutes. Dans une journée normale, Sabrina voit de 5 à 7 patients au Centre de chirurgie de jour. Pour préparer l’enfant à son opération, elle utilise le jeu médical. « L’enfant n’a pas le choix de subir une opération; mais on peut lui donner d’autres choix, explique Sabrina. Ensemble, nous choisissons l’odeur qui sera ajoutée à son masque, l’objet réconfortant qu’il apportera en salle d’opération et la stratégie de réconfort qu’il utilisera quand il sera temps de s’endormir. Avec Matis, nous avons inventé une histoire de plongée sous-marine. Et nous avons joué avec un masque d’anesthésie pour l’aider à être le plus calme possible au moment de l’anesthésie. » 

Des parents apaisés

Mélanie et Stéphane sont vraiment ravis du programme de PPI. « Pouvoir l’accompagner en salle d’opération et rester à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’endorme est très réconfortant pour nous, raconte Mélanie. Et pouvoir lui dire que nous serons là quand il va se réveiller est aussi rassurant pour lui. » Mélanie admet que ce n’est pas toujours facile de voir son enfant recevoir une dose d’anesthésiant, mais être avec lui jusqu’à ce qu’il s’endorme aide réellement à réduire le stress qui vient avec l’attente de la fin de l’opération. « C’est vraiment un programme formidable, et nous avons pu constater à quel point il pouvait être d’une aide précieuse pour Matis et nous, autant d’un point de vue physique que psychologique. »

Matis a souffert de pneumonie à répétition à cause de son atrésie. La dernière opération qu’il a subie à l’HME visait à savoir s’il y avait amélioration de ses problèmes. La Dre Dominique Lévesque, gastroentérologue de Matis, affirme que le programme de PPI a grandement facilité leur travail. « L’opération a été un succès, et le fait que Mélanie accompagne Matis en salle d’opération a aidé à ce que tout se déroule bien », assure-t-elle. Matis devra subir d’autres opérations, mais il est moins anxieux qu’il l’était auparavant, et de ce fait, Mélanie et Stéphane sont eux aussi moins anxieux. « Je pense que nous sommes souvent plus stressés que lui, mais le voir entrer en salle d’opération avec le sourire aux lèvres nous aide vraiment. C’est un changement tellement positif pour nous tous », ajoute Stéphane.