Gabriel a veillé sur Gabriel

Miracle au 2300 rue Tupper
Quand le Dr Sherif Emil a vu que les intestins de Gabriel étaient revenus à la vie, il a envoyé un texto à ses collègues : « Gabriel a veillé sur Gabriel. Un miracle s’est produit. »

Il y a de ces choses qu’on ne peut expliquer. Appelez cela coïncidence, accident, chance ou peut-être même destin. Mais de temps à autre, vous vous trouvez face à un « miracle », un patient qui, contre toute attente, s’en tire et s’épanouit même si toutes les chances étaient contre lui.

Le 4 juin 2013, le Dr Sherif Emil, chirurgien à l’Hôpital de Montréal pour enfants, commençait sa semaine de garde quand il a reçu un appel urgent du postdoctorant en chirurgie pédiatrique. Un enfant venait d’être amené à l’urgence et son pronostic n’augurait rien de bon. Le Dr Emil s’est précipité en salle de réanimation pour trouver le petit Gabriel Kassouf en état de choc, entouré d’une dizaine de médecins de l’urgence et de l’USIP qui pratiquaient des manœuvres de réanimation très difficiles. Selon ses parents, les Drs Claudine Hanna et Wassim Kassouf, Gabriel s’était plaint de douleurs abdominales plus tôt dans la journée, puis en une heure, son état s’était très rapidement détérioré.

Comme les radiographies et la tomodensitométrie ne permettaient pas d’identifier la cause du problème, le Dr Emil s’est empressé d’amener Gabriel en salle d’opération où il a fait une découverte tragique. « Son petit intestin était complètement noir », raconte le Dr Emil. Il s’était produit un volvulus de l’intestin moyen – un état qui fait que l’intestin complet se tord sur lui-même autour d’un axe en raison d’une anomalie congénitale. Cela signifiait que les intestins de Gabriel ne recevaient plus de sang ni d’oxygène, et qu'ils étaient pratiquement en train de mourir par suffocation. « Franchement, je ne savais pas s’il passerait la nuit, mais je refusais de perdre espoir. Nous avions besoin d’un miracle », admet le Dr Emil. 

Les parents de Gabriel ont informé la famille et les amis, et toute leur communauté s’est réunie dans la prière. « Nous avons prié aussi fort que possible, rappelle la maman de Gabriel. Il y a même des gens qui sont venus me voir dans la salle d’attente pour me dire qu’ils priaient pour mon fils. »  Ce soir-là, sur le chemin du retour, le Dr Emil a prié lui aussi pour Gabriel. Il a aussi pensé à sa propre fille, Gabrielle. Il ne pouvait s’empêcher de penser aux similitudes entre les deux enfants. Ils avaient le même nom, ils avaient le même âge, mais Gabrielle était en sécurité dans son lit à la maison, tandis que Gabriel luttait pour sa vie.

Le lendemain, le Dr Emil a ramené Gabriel au bloc opératoire pour une seconde opération afin de voir s’il pouvait sauver une partie de ses intestins. Et là, une chose des plus incroyables s’était produite. Quand le Dr Emil a ouvert l’abdomen de Gabriel, les intestins n’étaient plus noirs - ils étaient roses! « Je n’en croyais pas mes yeux, dit le Dr Emil. C’est comme si ses intestins étaient revenus à la vie. »

Il a alors réparé la malrotation pour que les intestins ne puissent plus jamais s’enrouler sur eux-mêmes, puis il s’est précipité hors du bloc opératoire pour annoncer la nouvelle aux parents et autres membres de la famille du garçon. Au cours de la semaine qui a suivi, Gabriel a repris des forces et s’est rétabli rapidement et complètement. Il a reçu son congé la fin de semaine de la fête des Pères, tout juste une semaine après son admission. « L’histoire de Gabriel a touché tellement de gens, raconte le Dr Emil. Je peux dire honnêtement que s’il est ici aujourd’hui, ce n'est pas grâce à nous, mais plutôt grâce à une intervention divine. La médecine n’est pas qu’une question de biologie moléculaire. Il y a des choses que vous ne pouvez tout simplement pas expliquer. »