Jouer avec le feu… électroniquement

Symptoms 
Par Richard Haber, M.D.
 
Le dialogue suivant est extrait d’un énoncé émis récemment par la Société canadienne de pédiatrie :
 
Fille : koi 2 9
Garçon : me100 ot ceswar fokjT vwa
Fille : k tuve vwar d pic?
Garçon : dak
 
Traduction :
 
Fille : Quoi de neuf?
Garçon : Je me sens hot ce soir. Il faut que je te voie.
Fille : O.K. Tu veux voir des photos?
Garçon : D’accord.1
 
Les sextos sont un phénomène récent porté par les progrès technologiques fulgurants, une pratique selon laquelle de jeunes adolescents envoient par Internet à des amis de leur choix des photos d’eux-mêmes sexuellement explicites. On n’a pas réussi à établir dans quelle mesure ce phénomène est répandu, mais une enquête2 donne à penser que 20 % des adolescents, dont 11 % de jeunes adolescents (13 à 16 ans), envoient des sextos. La même enquête a aussi montré que 39 % des adolescents envoient des messages sexuellement suggestifs. L’adolescence est une période charnière dans la recherche de son identité, en particulier de son identité sexuelle. Malheureusement, du point de vue de cet auteur, cette recherche se fait dans une culture qui a dépersonnalisé le sens profond de notre sexualité face à notre dignité d’être humain; le sexe est devenu récréatif. Il est dépourvu de tout lien interpersonnel. Le sexe est maintenant un jeu que l’on pratique dans le cyberespace et qui mène souvent à des rencontres sexuelles non désirées. Les jeunes filles sont décrites comme des objets sexuels, et nous sommes tous conscients des dangers que représentent les prédateurs sexuels sur Internet. La pornographie dure n’est qu’à un clic de souris.
 
Quand la sexualité perd son sens en tant que communication interpersonnelle intime dans une relation sérieuse, on voit alors apparaître les dangers de grossesses indésirés et d’infections transmissibles sexuellement (ITS), avec toutes les conséquences qui en découlent. Des statistiques récentes indiquent que les taux d’ITS augmentent, y compris pour des infections que nous croyions disparues, comme la syphilis. La chlamydia, elle, ne provoque souvent aucun symptôme chez les filles, mais elle peut laisser des traces et causer des problèmes de fertilité plus tard. Plusieurs parents ont peu ou pas de contrôle sur l’usage que leur enfant fait d’Internet, où tout peut arriver.
Comment puis-je aider?

Comment puis-je aider?

Nous savons que l’adolescence est une période d’expérimentation qui peut avoir des conséquences indésirées. Comment faire face à de tels comportements risqués? Comment faire en sorte que nos enfants aient une attitude saine face à leur sexualité? En clair, il n’y a pas de réponses simples. Une éducation qui intègre des stratégies de réduction des dommages est utile3. Les médecins peuvent jouer un rôle salutaire en appliquant des techniques d’entrevue motivationnelle qui font une large place à l’aspect relationnel et interpersonnel de la sexualité. Ils peuvent aussi intervenir favorablement en faveur d’une meilleure protection sur Internet, s’élever contre l’hypersexualisation des jeunes adolescentes dans les médias, et sensibiliser les parents aux dangers de la pornographie et des prédateurs sexuels sur Internet. Jouer un rôle parental responsable peut exiger à certains moments qu’on supervise l’usage que son adolescent fait d’Internet. Les parents doivent toujours garder la communication ouverte avec leurs enfants et être disponibles pour avoir de franches discussions sur les comportements risqués. Plus important encore, comme les adolescents sont très influencés par le comportement des adultes qui les entourent, les parents peuvent être d’une aide précieuse et servir de modèle en entretenant des relations saines et stables.

Références

Références

  1. D. K. Katzman. Paediatr Child Health, vol. 15, no 1, 2010, p. 41-42.
  2. www.thenationalcampaign.org/sextech/PDF/Sex Tech_Summary.pdf
  3. Énoncé de position, Paediatr Child Health, vol. 13, no 1, janvier 2008, p. 53-55.

Richard Haber, M.D., FAAP et FRCPC, est professeur agrégé de pédiatrie à l’Université McGill et directeur du Centre de consultation pédiatrique à L’Hôpital de Montréal pour enfants