L’enfant anxieux : traiter une maladie handicapante

Lorsqu’on pense aux personnes souffrant d’anxiété, on s’imagine des adultes pour qui l’argent, le travail ou une relation causent une très grande inquiétude. Mais l’anxiété n’est pas seulement le lot des adultes. Les enfants en souffrent également.

La vie d’un enfant peut être perturbée par l’anxiété issue des activités quotidiennes : aller à l’école, être séparé des parents, s’inquiéter des événements mondiaux comme l’épidémie de grippe H1N1 de l’an dernier.
 
« Même de très jeunes enfants peuvent souffrir d’anxiété » déclare la
Dre  Chandra Magill, psychiatre à L’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill. « Il est tout à fait normal qu’un enfant soit inquiet de temps en temps, à la veille d’un examen important, par exemple. Toutefois, il revient aux parents de chercher de l’aide lorsque l’anxiété empêche l’enfant de mener une vie normale ou de profiter de la vie, ou lorsqu’elle nuit au fonctionnement de la famille. » La Dre Magill raconte le cas d’un enfant qui souffre d’anxiété à l’idée de se faire garder et d’être séparé des siens. Pour l’aider, les parents ont décidé d’annuler leurs rendez-vous.
 
Comment décrire l’anxiété?
L’anxiété prend diverses formes. Elle se manifeste le plus souvent par une peur excessive, la panique et l’inquiétude. À cet état peuvent se greffer des symptômes physiques comme les maux de tête chroniques, les problèmes d’estomac et la douleur. Les études démontrent que près de 20 pour cent des enfants souffrent d’anxiété extrême. Les filles sont davantage touchées que les garçons.
 
Selon la Dre Magill, un enfant ne se débarrasse pas de son problème d’anxiété extrême en vieillissant. De fait, s’il n’est pas traité, il peut devenir un adolescent et un adulte extrêmement stressé.
 
Le traitement
« Je ne dis jamais à un enfant que je vais le guérir de l’anxiété » déclare la
Dre Magill.  « Je lui offre de l’aider à mieux maîtriser son anxiété de manière qu’il puisse faire ce qu’il veut et profiter de la vie. »
 
La Dre  Magill opte souvent pour la thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Cette démarche peut être jumelée à d’autres traitements. Ainsi, dans les cas graves, elle combine TCC et médication.
 
La TCC n’est pas une thérapie à long terme. Elle dure en général quelques mois, selon la gravité de l’anxiété et la complexité de la situation familiale. L’objectif est d’amener l’enfant à développer des habiletés qui lui permettent de reprendre le contrôle sur son anxiété. À chaque séance, l’enfant, les parents et le thérapeute mettent au point des stratégies grâce auxquelles l’enfant parvient à confronter ses peurs petit à petit.
 
La Dre Magill cite le cas d’un enfant qui souffre de l’angoisse de séparation; il ne peut rester dans une autre pièce que celle où se trouve sa mère. Ensemble, ils peuvent décider de commencer la démarche en plaçant l’enfant dans une pièce adjacente à la cuisine où se trouve sa mère, pendant une minute. Au cours de cette période on donne à l’enfant une stratégie pour vaincre son anxiété. Progressivement, on allonge la durée de la séparation et on éloigne davantage l’enfant. Grâce à cette technique, l’enfant apprend à vaincre son angoisse.
 
Au cours des séances de thérapie, on montre aux parents à renforcer le comportement qu’ils souhaitent voir chez leur enfant. Par exemple, ils le félicitent quand il joue seul dans sa chambre. Les parents encouragent l’enfant à faire face aux situations de manière à surmonter sa peur.
 
La Dre Magill affirme que les études indiquent que si l’on intervient rapidement, l’enfant est en mesure non seulement de faire face à son angoisse excessive, mais il est moins susceptible de souffrir d’autres anxiétés ou de dépression à l’âge adulte.
 
Si votre enfant souffre d’anxiété excessive, dites-le à votre pédiatre. Vous pouvez aussi contacter votre CLSC pour savoir s’il dispense des services. Pour trouver le CLSC le plus près de chez vous, visitez le site www.sante.qc.ca/listes/ta-clsc.htm ou appelez Info-santé en faisant le 811.