Les adolescents et le suicide : détecter les signes et les prendre au sérieux

« Nous vivons présentement dans une société qui valorise davantage la qualité de vie que la vie elle-même. C’est dire que quand les adolescents vivent des moments difficiles émotivement et que les choses vont mal, les plus fragiles ont l’impression que leur vie ne vaut pas la peine d’être vécue », dit le Dr Mounir Samy, psychiatre à L’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill.
Les statistiques sont désolantes et tragiques : au Canada, le suicide est la cause de 24 % de tous les décès chez les jeunes de 15 à 24 ans. En fait, le suicide est la 2e plus importante cause de décès chez les Canadiens et Canadiennes de 10 à 24 ans(1).
 
Pendant les mois qui précèdent une tentative de suicide, les adolescents montrent souvent plusieurs signes de détresse; parmi eux, on note des difficultés scolaires, des problèmes relationnels avec les pairs et la famille, et un échec amoureux. Souvent, ils vont chercher à obtenir de l’aide à l’école ou en clinique.
 
« Si vous soupçonnez un de vos proches d’avoir des idées suicidaires, dites-lui que vous êtes là pour lui et parlez-lui ouvertement », recommande le Dr Samy.
  • Posez des questions ouvertes et directes sans manifester d’émotion ni émettre de jugement. Le fait de poser des questions directes ne poussera pas la personne à se suicider; au contraire, cela la soulagera.
  • Ne gardez pas le secret et demandez de l’aide : même si la personne suicidaire vous demande de ne rien dire, la meilleure manière de lui témoigner votre amour et de prévenir la tentative de suicide est de chercher de l’aide auprès d’un conseiller scolaire, d’un médecin, d’un membre de la famille ou d’un service d’urgence.

« Quand une personne vous dit qu’elle a des idées suicidaires ou en montre les signes, prenez-la au sérieux. Elle vous tend la main pour obtenir votre aide parce qu’elle a confiance en vous », insiste le Dr Samy.

Voici les signes les plus courants d’un adolescent déprimé ou suicidaire :

  • Il parle de sa tentative de suicide directement ou indirectement (par des phrases comme « bientôt, vous n’aurez plus à vous soucier de moi »).
  • Il établit un plan de suicide, répète le scénario et prévoit le moment de passer à l’acte.
  • Il s’inflige des blessures (coupures, brûlures, coups sur la tête).
  • Il a un comportement téméraire.
  • Il fait un testament.
  • Il donne ou détruit des objets qui lui sont chers.
  • Il coupe tout contact social.

« Les adolescents suicidaires se confient rarement à leurs parents », dit le Dr Samy. « Mais ils ont besoin de sentir que leurs parents sont prêts à leur donner amour et soutien quoi qu’il arrive. »

À L’Hôpital de Montréal pour enfants, une équipe d’intervention en situation de crise travaille à l’urgence pour aider les enfants et les adolescents en crise à reprendre le contrôle. L’équipe est disponible 24 heures par jour, 7 jours par semaine.

(1) Association des psychiatres du Canada (2002). Feuillet de renseignements de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales.