Morsures d’insectes

Par Richard Haber, M.D

C'est l'été, et le insectes, guêpes et abeilles sont bien présents. Heureusement, la plupart des insectes qui croisent notre route ne sont pas porteurs de maladie. Dans les pays tropicaux, l’anophèle Aedes aegypti est responsable de la dissémination de la malaria. La tique Ixodes scapularis, vecteur de la maladie de Lyme, est présente principalement dans les états de l’Est américain ou de la côte du Pacifique, et dans les régions voisines du Canada. La fièvre du Nil occidental, qui est transmise par des moustiques, se manifeste habituellement sous la forme d’une infection pseudo-grippale résolutive qui n’induit que très rarement une maladie grave, sauf chez les personnes âgées ou immunodéprimées.

 Bourdonnement et piqûre

Les insectes qui nous tourmentent le plus sont les maringouins et les mouches noires, très communs et très exaspérants. La première exposition ne déclenche aucune réaction, mais après des morsures répétées et l’injection de la salive de l’insecte, une hypersensibilité immédiate se développe; en quelques minutes, une boursouflure apparaît, souvent suivie d’une papule prurigineuse. On peut observer chez les enfants un œdème assez étendu, en particulier chez les petits de moins de 3 ans, en raison de la plus grande quantité d’eau présente dans le derme. C’est particulièrement évident si la morsure se trouve près de l’œil, du poignet ou de la cheville, ou si l’enfant a subi plusieurs morsures simultanément. On confond souvent œdème orbital et cellulite périorbitaire, qui est une infection grave; cependant, une compresse froide et un antihistaminique oral (telle la diphénhydramine) apporteront un soulagement et aideront à distinguer les deux. Soyez aussi aux aguets afin de déceler toute infection secondaire qui pourrait être causée par un grattage intense – érythème étalé, écoulement purulent ou croûte. Certaines morsures d’insectes infectées peuvent nécessiter un traitement antibiotique systémique, et par expérience, les mouches noires sont les coupables la plupart du temps.

Parmi les insectes piqueurs, nous avons les Hymenoptera apidae (abeilles domestiques, bourdons) et les vespidae (guêpes jaunes, frelon et guêpes). Les guêpes jaunes sont les plus agressives et sont attirées par l’alimentation humaine; ce sont donc elles qui sont le plus souvent à blâmer. Le traitement immédiat consiste à appliquer une compresse froide et à prendre un antidouleur. Dans le cas des abeilles, il faut retirer le dard et le sac de venin resté dans la peau en grattant avec la lame d’un couteau. Les bourdons ne gênent que rarement les humains, et leur dard n'est pas relâché. Une réaction locale à une morsure d’hyménoptères peut s’étendre sur un diamètre de plus de 10 cm et durer plusieurs jours. On peut voir apparaître de l’urticaire et de l’angioneurose cutanée, ainsi qu’une réaction anaphylactique, plus dangereuse. Dans les deux derniers cas, il est nécessaire d’administrer sur-le-champ de l’épinéphrine, des stéroïdes systémiques et des antihistaminiques, puis de consulter un allergologue par la suite pour une évaluation plus approfondie. Si un enfant est vraiment allergique, il aura besoin d’un auto-injecteur d’adrénaline, tel que EpiPen ou Twinjet.

 Répulsifs anti-moustiques

Incitez les parents et le personnel des camps à prendre des mesures précises au sujet des insectes, comme éviter les produits parfumés pour le bain, les vêtements colorés et les activités dans des lieux infestés tôt le matin ou en soirée. Les bambins dans les poussettes peuvent être protégés au moyen d’un filet. Dans le cas des enfants plus âgés qui ne sont pas suffisamment couverts, on peut utiliser un répulsif anti-moustiques avec un contenu en DEET inférieur à 10 %. Dernièrement, l’American Academy of Pediatrics a laissé entendre que le contenu en DEET pouvait atteindre 30 %; toutefois, en raison de sa toxicité, on ne doit l’appliquer qu’avec modération et exceptionnellement, pas plus d’une fois par jour.

 En raison de sa toxicité, le DEET ne doit être appliqué qu’avec modération et exceptionnellement, pas plus d’une fois par jour.

 Richard Haber, M.D., FAAP, FRCPC, est directeur du Centre de consultation pédiatrique à L’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill, et professeur agrégé de pédiatrie à l’Université McGill.