Adopter la technologie en pleine pandémie

La pandémie de COVID-19 a propulsé à l’avant-scène la télémédecine, une technologie de soins virtuels qui fera partie de la nouvelle réalité de l’HME

L’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) a été forcé de repenser sa façon de prodiguer des soins quand le nouveau coronavirus a frappé. Son mandat, qui consiste à fournir des soins de santé tertiaires et quaternaires, l’oblige à honorer certains rendez-vous en personne en raison du niveau de soins requis. Mais, qu’en est-il de tous les autres rendez-vous jugés nécessaires, mais impossibles à honorer sur place? C’est là que la solution des rendez-vous virtuels s’est imposée. Ces rendez-vous virtuels ont commencé à la fin de mars et leur nombre a littéralement explosé au cours des mois suivants, une situation qui va se poursuivre tandis que l’hôpital intensifie la reprise de ses activités cliniques.

Avant la pandémie de COVID-19, les rendez-vous virtuels se limitaient surtout aux communications interétablissements. Les chiffrent parlent d’eux-mêmes : en janvier et février, il y a eu à peine plus d’une douzaine de rendez-vous virtuels dans l’ensemble des 46 départements. En avril et mai, les chiffres ont grimpé en flèche pour atteindre près de 10 000 rendez-vous!

« Allons-nous retourner à ce que nous faisions avant? La réponse est non. Les gens comprennent qu’il est impossible de travailler comme avant en soins ambulatoires », raconte Carole Lapierre, directrice associée, Bureau des partenariats du CUSM, qui a été contrainte de transférer rapidement 85 % de ses effectifs sur ce dossier quand la pandémie a frappé. « Nous mettons en place une modalité virtuelle qui va rester parce que les gens en voient les avantages. Nous sommes convaincus que c’est la voie à suivre. »

Ce qui est impressionnant avec ces chiffres, c’est que le taux d’absence aux rendez-vous n’a pas augmenté. Les patients et les familles adoptent cette nouvelle façon de faire à un moment où la distance physique demeure un obstacle dans l’hôpital, qui a subi de nombreuses transformations physiques pour s’adapter aux nouvelles directives de lutte contre les infections.

Voici quelques-unes des unités qui ont véritablement adopté la médecine virtuelle : psychiatrie (avec près de 1000 rendez-vous), pneumologie, hémato-oncologie, gastroentérologie et orthophonie.

L’orthophonie est l’un des services qui ont connu une très forte augmentation de ces rendez-vous, passant de zéro avant mars à deux cents en date du 31 mai. Les orthophonistes se sont servi de la technologie Zoom pour créer des cours interactifs qui utilisent la vidéo de façon inusitée.

« La préparation de ces rendez-vous nous demande beaucoup de travail. Mais la technologie de l’écran vert nous permet de créer des cours très attrayants pour nos patients, un élément capital pour retenir l’attention des jeunes enfants », explique Eugénie Préfontaine, orthophoniste à l’HME. « Nous avons aussi constaté que les rendez-vous virtuels mobilisent davantage les parents. Ils sont beaucoup plus impliqués dans la préparation de leurs enfants à notre rendez-vous, et dans une plus grande partie du processus global. En fin de compte, cette nouvelle initiative a donné lieu à des avantages inattendus. »

Pour la maman de Darren, Maya, les avantages sont évidents pour son fils de 3 ans.

« On ne pouvait pas se permettre d’attendre — Darren avait besoin de cette thérapie maintenant; on était vraiment heureux de la poursuivre. C’est assurément plus facile d’adapter notre emploi du temps, sans compter qu’on était un peu nerveux à l’idée d’aller à l’hôpital pendant la pandémie », explique Maya, dont le fils Darren né prématurément ne parle pas beaucoup pour son âge. « Voir le processus et les progrès a été très positif, et je pense que cette approche sera très encourageante pour les parents.   

Les patients en région éloignée peuvent maintenir leurs rendez-vous sans avoir à se rendre dans leurs centres de soins locaux ou le faire par téléphone. Cela a été crucial au début de la pandémie, quand de nombreux travailleurs de la santé de retour de l’étranger ont été contraints de se mettre en quarantaine; cette plateforme leur a permis de contribuer aux soins des patients pendant une période effrénée.

« Avec l’arrivée de Zoom, notre capacité à joindre le patient chez lui, dans sa réalité, a enrichi notre approche. Le clinicien peut évaluer l’installation et les enjeux liés à l’environnement du patient, et obtenir une nouvelle perspective sur sa façon de vivre, un atout pour les soins », affirme M me  Lapierre, dont le département forme les professionnels de l’HME sur les meilleures pratiques tandis que les activités cliniques s’intensifient. « Il faut déployer plus d’efforts, parce que les exigence s sont plus élevées pour toutes les personnes impliquées dans le service, mais les avantages sont évidents pour tout le monde. »