Autisme : Pleins feux sur les signes à surveiller aux stades précoces

CHICAGO – Le principal groupe de pédiatres aux États-Unis exerce plus de pressions que jamais pour que tous les enfants subissent un test de dépistage de l’autisme au moins deux fois avant l’âge de 2 ans en présence de signes avant-coureurs, comme le fait de ne pas babiller à l’âge de 9 mois et de ne pas pointer ses jouets du doigt à l’âge de 1 an.

Ce conseil vise à aider les parents et les médecins à détecter l’autisme plus tôt. Il n’y a pas de traitement contre l’autisme, mais les spécialistes sont d’avis qu’une thérapie précoce peut en atténuer la gravité.

Les symptômes à observer et la demande d’un dépistage précoce font l’objet de deux nouveaux rapports.

Présentés aujourd’hui par l’American Academy of Pediatrics dans le cadre de son assemblée annuelle à San Francisco, ces rapports seront publiés dans le numéro de novembre de la revue Pediatrics ainsi que sur le site Web du groupe au www.aap.org.

Les rapports présentent plusieurs signes avant-coureurs, comme un bébé de 4 mois qui ne sourit pas en entendant la voix de maman ou papa, ou la perte du langage ou d’aptitudes sociales à tout âge.

Selon les spécialistes, un enfant sur 150 aux États-Unis souffre de cet inquiétant trouble de développement.

La Société canadienne d’autisme parle plutôt d’un enfant sur 165.

Les nouveaux rapports précisent que les enfants dont le cas est suspect devraient commencer à être traités avant même qu’un diagnostic formel soit posé.


En Ontario, aucune pression n’a été exercée, mais le gouvernement provincial a exploré la faisabilité d'un suivi universel du développement – incluant les signes précoces d’autisme – concentré sur les enfants de 18 mois au départ, rapporte Dre Wendy Roberts du programme de recherche sur l’autisme à l’Hôpital pour enfants malades.

Il y a des signes avant-coureurs élémentaires à 12 mois, notamment le fait pour un bébé de ne pas pointer du doigt les objets qui l’intéressent pour que ses parents regardent.

Debbie Hrybinsky, présidente de la division torontoise de Autism Ontario, et mère de Matthew, jeune autiste de 7 ans, parle des recommandations américaines comme d'une étape positive. L’autisme de son fils a été confirmé alors qu’il avait 3 ans.

Matthew aurait tiré avantage des directives proposées par les États-Unis, dit-elle.

« Si nous avions eu le diagnostic plus tôt, je pense qu’il aurait pu aller plus loin », ajoutait Mme Hrybinsky hier soir.

Dr Chris Johnson, coauteur des nouveaux rapports et chercheur au Health Science Center de l’Université du Texas à San Antonio, explique : « Les parents arrivent maintenant dans notre bureau en disant “nous sommes inquiets au sujet de l’autisme”. Il y a dix ans, ils ne savaient même pas de quoi il s’agissait. »

Les auteurs préviennent que ce ne sont pas tous les enfants qui présentent des symptômes qui sont autistes, et que les parents ne devraient pas réagir outre mesure devant un comportement bizarre.

Ce n’est pas parce qu’un enfant aligne systématiquement ses petites autos ou a des accès de colère « qu’il faut vous inquiéter si, en contrepartie, il a des interactions sociales, il invente des jeux avec ses jouets et il communique bien », rappelle le coauteur des rapports, Dr Scott Myers, de Danville, Pa.

D’après les rapports, le traitement recommandé en cas d’autisme nécessite au moins 25 heures par semaine de thérapie intensive axée sur le comportement, incluant des activités éducatives et de l’orthophonie.

Pour les très jeunes enfants, la thérapie comporte en général des activités amusantes, comme se lancer la balle en la faisant rebondir ou partager des jouets pour développer ses aptitudes sociales. On félicite aussi souvent l’enfant lorsqu’il y a un contact par le regard ou d’autres comportements que les enfants autistiques cherchent souvent à éviter.

Lindsey Tanner
ASSOCIATED PRESS