Dawson, un an déjà!

Les centres de traumatologie tertiaires - Un atout communautaire inestimable et indispensable
Ann Lynch, directrice des Opérations, Centre universitaire de santé McGill

Dr Harvey Guyda, directeur général associé, Hôpital de Montréal pour enfants du CUSM

Les malheurs surviennent – et nous devons y être préparés.  C’est une vérité si évidente que nous avons tendance à la négliger – jusqu’à ce que la tragédie nous touche personnellement. Il y a seulement un an, notre communauté était frappée par une tragédie. Un jeune homme est entré au Collège Dawson avec une arme. Quelques minutes plus tard, une étudiante et l’homme armé étaient morts. Dix-neuf autres étudiants étaient blessés, certains très gravement.

Grâce à la réaction très rapide des services de police de la Ville de Montréal, d’Urgence santé et du personnel du Collège Dawson, les onze blessés graves ont été rapidement transportés au centre de traumatologie de l’Hôpital général de Montréal du CUSM et ont tous survécu à leurs blessures. Des soins psychologiques prodigués par le CUSM, le Collège Dawson et d’autres organismes ont contribué à guérir les blessures psychologiques profondes subies par ces personnes.

La fusillade du Collège Dawson a profondément marqué Montréal et le monde. Pourtant, chaque jour, des accidents de la route, des actes violents ou de simples incidents surviennent, passent souvent inaperçus, mais ont des effets tout aussi dévastateurs. Les traumatismes occupent effectivement le premier rang des causes de décès de personnes de moins de 49 ans et sont, de loin, la principale cause de mortalité chez les enfants.

Il est impossible de prévenir tous les traumatismes. Nous pouvons cependant donner aux patients les meilleurs soins possibles et être prêts à toutes les éventualités, même aux événements tragiques comptant un grand nombre de blessés. Il y a deux décennies que le Québec s’y prépare et il est maintenant doté des mesures appropriées pour y répondre.

En 1993, le gouvernement a désigné six hôpitaux comme centres de traumatologie de niveau 1. Deux d’entre eux font partie du Centre universitaire de santé McGill : l’Hôpital Général de Montréal et l’Hôpital de Montréal pour enfants. Ces deux hôpitaux sont équipés en personnel et en équipements pour traiter les blessures les plus graves causées par des traumatismes, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ce niveau de préparation est indispensable, car les traumatismes peuvent survenir en tout temps, et les blessés souffrent souvent de lésions dans les différents systèmes de leur organismes.

Le centre de traumatologie pour adultes du CUSM qui a soigné la plupart des victimes du Collège Dawson, traite environ 9 000 victimes de traumatismes chaque année, dont 1 500 qui doivent être hospitalisées. Dirigé par le docteur Tarek Razek, cet établissement est le centre désigné de traumatologie pour adultes du centre-ville de Montréal.

Le centre pédiatrique de traumatologie du CUSM, dirigé par Debbie Friedman, se spécialise dans les soins des enfants victimes de traumatismes. L’an passé, l’Hôpital de Montréal pour enfants a soigné au-delà de 14 000 enfants, dont 600 ont dû être hospitalisés.

Il n’est pas facile d’être accrédité comme centre de traumatologie tertiaire. Pour se qualifier, un hôpital doit pouvoir mettre sur pied des équipes de spécialistes multidisciplinaires, en quelques minutes, à toute heure du jour et de la nuit. Il doit aussi pouvoir poser un diagnostic complexe, disposer des installations chirurgicales nécessaires et faire appel à du personnel prêt à agir, à seulement quelques minutes de préavis.

Une réaction rapide est primordiale. Dès que les intervenants des urgences arrivent sur le lieu d’un accident traumatique, comme ce fut le cas au Collège Dawson, ils doivent évaluer l’état des victimes, et le cas échéant, alerter le centre de traumatologie tertiaire le plus proche.

Au CUSM, le chef d’équipe de traumatologie, un expert en réanimation traumatologique, arrive à l’hôpital moins de 20 minutes après avoir été appelé. Il, ou elle, avertit la banque de sang et regroupe une équipe interdisciplinaire qui comprend du personnel infirmier, des chirurgiens, des inhalothérapeutes, des travailleurs sociaux et d’autres professionnels de la santé, souvent avant même l’arrivée des blessés. Le chef d’équipe décide alors de ce qui doit être fait en priorité et accomplit les procédures d’urgence requises.

Ce niveau élevé de préparation porte fruit. En 1993, avant que les centres de traumatologie tertiaires ne soient mis en place, ne survivaient que la moitié des cas de blessures traumatiques graves. En 2002, le taux de survie avait augmenté de plus de 90 pour cent – une amélioration jamais vue en médecine.

Les centres de traumatologie tertiaires fournissent des soins presque miraculeux. Mais, comme il se doit, des coûts élevés y sont associés. En effet, la dotation en personnel et les équipements d’un tel centre coûtent très cher. Malgré cela, ces centres constituent un atout inestimable et indispensable pour la communauté. Ils font la différence entre la vie et la mort pour des milliers de personnes.

En nous remémorant les événements du Collège Dawson, souvenons-nous de l’importance d’être prêts – en tout temps. Des éléments positifs peuvent découler d’événements difficiles, mais seulement par suite de bonnes décisions et d’une excellente préparation.