De simples mesures d'hygiène pour prévenir la grippe

Alors que la saison du rhume et de la grippe est à nos portes, les experts de la santé publique encouragent les Canadiens à réduire leurs risques de tomber malades en adoptant de simples mesures d’hygiène destinées à chasser les germes à l’origine des maladies.

Le Conseil canadien de la santé et de l’hygiène rappelle que selon un sondage international, les Canadiens connaissent mieux que quiconque sur la planète le rôle d’une bonne hygiène dans la prévention des infections.

Mais il existe un fossé entre la théorie et la pratique, soutient le Conseil récemment formé.

Selon la docteure Brenda Cholin, une agente de santé à North Battleford, en Saskatchewan, 90 pour cent des Canadiens croient que le lavage régulier des mains peut prévenir la grippe.

« Mais quand vient le temps d’agir, seulement environ 40 pour cent des parents demandent à leurs enfants de se laver les mains avant de passer à table, affirmait-elle mercredi, lors d’un point de presse tenu à Toronto. Et ce, malgré les risques que l’on sait présents à la maison. »

Sachant que les enfants sont particulièrement vulnérables aux maladies respiratoires comme la grippe, le conseil a fait sa priorité d’encourager les programmes sensibilisant les enfants à l’importance de se laver les mains et aux autres bonnes mesures d’hygiène dans les garderies et les écoles primaires.

Le directeur du Conseil, le docteur Donald Low, microbiologiste médical en chef au Mount Sinai Hospital de Toronto, estime que les leçons apprises à l’école se traduiront par une meilleure hygiène à la maison.

« Il n’existe actuellement aucun programme en place afin de diffuser cette information, ni auprès des professeurs, ni auprès des enfants à l’école, explique-t-il. Cela ne fait pas partie du cursus scolaire. »

Selon Low, le fait d’apprendre aux enfants la bonne façon de se laver les mains et la fréquence à laquelle le faire contribuerait grandement à la prévention de la transmission des bactéries et des virus pouvant provoquer des maladies. Les adultes comme les enfants devraient se laver les mains avant de manger ou de prendre des médicaments, après avoir été à la salle de bain et avoir caressé des animaux domestiques.

Il croit également que les salles de classe devraient être équipées des mêmes dispensateurs de nettoyant à mains à base d’alcool que l’on retrouve dans les hôpitaux et dans de nombreux commerces.

À la maison, la cuisine constitue probablement le terrain le plus fertile pour les germes, rappelle le Conseil. Les comptoirs et les autres surfaces dures peuvent être contaminées par des bactéries comme la salmonelle et la listériose, par le biais de produits frais et de viandes crues.

« La vaste majorité des maladies d’origine alimentaire sont dues au fait que la nourriture n’a pas été manipulée ou cuite correctement et 80 pour cent des cas surviennent à la maison », assure Low, faisant valoir que jusqu’à 13 millions de cas d’empoisonnement liés à la nourriture contaminée surviennent chaque année au Canada.

Low affirme que les surfaces de la cuisine devraient être désinfectées régulièrement à l’aide de nettoyant à base d’alcool ou d’eau de Javel diluée avec de l’eau.

Il est difficile de dire si la myriade de produits disponibles en magasin et supposés tuer les germes domestiques sont réellement efficaces, convient-il. Le Conseil appuie donc une étude qui testera ces nettoyants pour déterminer leur efficacité véritable.

« Quoiqu’il en soit, ces produits ne sont pas magiques, assure-t-il. Ils ne vont pas vous protéger s’ils ne sont pas correctement utilisés, nous voulons donc savoir ceci : ont-ils une quelconque efficacité et comment leur utilisation peut-elle maximiser cette efficacité ? »

Par exemple, certains produits tuent les bactéries, mais pas les virus, fait-il valoir. Et certains virus – comme celui de la grippe – peuvent survivre sur des surfaces dures et humides de 24 à 48 heures.

Le Conseil cible également les modestes mais omniprésents chiffons à vaisselle qui sont un véritable pot-pourri de microbes. Il suggère de les laver régulièrement à la machine ou même de les mettre au lave-vaisselle pour les désinfecter.

On ne sait pas si les chiffons fourmillants de germes provoquent vraiment des maladies, reconnaît Low. « Je ne connais pas la réponse à cette question, mais nous savons que ces linges – parce qu’ils sont humides et qu’ils entrent en contact avec tant d’aliments crus différents – constituent l’environnement idéal pour la multiplication de ces bestioles. »

En ce qui concerne la prochaine saison de la grippe, Low estime « qu’elle sera intéressante » car les experts en maladies infectieuses ne savent pas comment les souches 2008-09 risquent de se comporter.

L’an dernier, on a constaté une augmentation inexplicable de la résistance partielle d’une souche au médicament antiviral Tamiflu, dont on se sert surtout pour traiter les personnes âgées courant de grands risques de mourir de la grippe dans les centres de soins de longue durée. Une autre souche de la grippe était également résistante à un autre antiviral, l’Amantadine, l’an dernier, rappelle Low.

Si les médecins ne savent pas encore quelles souches particulières vont dominer la prochaine saison de la grippe au Canada, ils conseillent aux victimes éventuelles d’adopter les mesures nécessaires pour éviter de contaminer les autres – c’est-à-dire de se laver fréquemment les mains et de tousser et d’éternuer dans leur coude plutôt que dans leur main.

La contamination d’objets comme les poignées de porte est un moyen très rapide de propager les virus du rhume et de la grippe.

Et Low soutient que les gens devraient rester à la maison au lieu de se présenter au travail quand ils sont malades, afin d’éviter tout contact et de ne pas transmettre leur maladie à d’autres.

« Nous avons longtemps eu de l’employé modèle l’image du travailleur présent 365 jours par année, en dépit de la pluie, du grésil et de la maladie. Je crois qu’il est temps de réviser ce cliché. Nul n’agit de manière responsable en venant travailler malade. »