Déja 40 noyades au Québec

KIRKLAND, Qc – Une fillette âgée de 16 mois s’est noyée mercredi matin dans la piscine d’une résidence de Kirkland, dans l’ouest de l’île de Montréal.

Ce nouveau décès vient alourdir un bilan déjà sombre de 40 noyades au Québec depuis le début de l’année, selon la Société de sauvetage. Même si l’été est encore bien jeune, les premiers secours rapportent 15 décès de plus qu’à pareille date en 2011.

Le chef des opérations d’Urgences-santé à Montréal, Stéphane Smith, a précisé qu’un appel de détresse avait été logé à la centrale téléphonique 9-1-1 à 9 h 40 mercredi matin. Des manoeuvres de réanimation ont été engagées par les ambulanciers dès leur arrivée sur les lieux, en vain. La fillette était en arrêt cardiorespiratoire. D’autres manoeuvres ont été tentées à l’hôpital, sans plus de succès, et les autorités médicales n’ont pu que constater le décès.

Il n’aura fallu que quelques minutes d’inattention pour que l’irréparable se produise. M. Smith précise que la mère regardait la télévision avec sa fillette. Elle est montée à l’étage quelques instants et au moment de redescendre, elle s’est aperçue que l’enfant s’était aventurée à l’extérieur, par la porte-fenêtre. Il n’y avait alors que la moustiquaire, qu’a fait glisser sans peine la bambine. Une fois à l’extérieur, elle a fait quelques pas avant de tomber dans la piscine creusée.

Lorsque la mère est sortie, la fillette était déjà dans l’eau, inanimée. Elle l’a rapidement sortie de l’eau avant d’appeler les secours. Les ambulanciers ont trouvé la mère en état de choc. Le père de l’enfant est arrivé quelques instants plus tard, en proie lui aussi à de vives émotions.

Stéphane Smith confirme qu’Urgences-santé reçoit de nombreux appels cette année. Tous ne se soldent pas par des noyades, mais dans plusieurs des cas, un court moment d’inattention a précédé l’incident.

«Ce que l’on dit aux gens, c’est: prudence, prudence, prudence ! Un enfant, c’est plus vite que l’oeil», insiste-t-il.

Pour le directeur général de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins, les conditions météorologiques clémentes, les belles et chaudes journées ensoleillées ne sont pas étrangères à la hausse du nombre d’incidents, dont le nombre rejoint sensiblement les données de 2010.
 
«Il a fait beau et chaud beaucoup plus tôt. Davantage de gens sur l’eau ou dans l’eau augmente nécessairement le risque», affirme M. Hawkins. Selon lui, il incombe notamment aux propriétaires de piscines et d’embarcations d’adopter des comportements sécuritaires et de prévoir des aménagements qui le sont tout autant.

Pourtant, depuis 2010, les règlements sur la sécurité des piscines ont été renforcés. Les piscines doivent notamment être clôturées pour en restreindre l’accès, particulièrement pour les enfants. De son côté, la Direction de la santé publique recommande fortement aux propriétaires de suivre un cours de réanimation afin de pouvoir entreprendre des manoeuvres en cas d’accident.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, s’est montré lui aussi préoccupé par le nombre croissant de noyades. Il abonde dans le sens de la prévention et n’écarte pas de réfléchir à l’idée de forcer l’apprentissage de la nage au primaire.

«Il semblerait que le meilleur moment pour le faire, ce serait en troisième année (du primaire). Je serais très ouvert, même si ça ne permettrait pas de prévenir toutes les noyades — celle de la fillette de 16 mois n’aurait pas pu être sauvée avec cette formation», a avancé le Dr Bolduc.

Chez Urgences-santé, M. Smith commente avec tout autant de déception que d’incompréhension le bilan encore jeune des noyades. «C’est épouvantable. Et ce n’est pas parce que les gens ne sont pas avisés et qu’il n’y a pas de réglementations. Mais on dirait que c’est comme la vitesse et l’alcool au volant», déplore-t-il.

Les plans d’eau et piscines ne sont pas les seuls théâtres des tragédies. Les ambulanciers sont souvent appelés pour des poupons ou des enfants qui prennent tout simplement leur bain.

«L’enfant est dans le bain, le parent se retourne ou va répondre au téléphone, ce n’est que quelques secondes, mais souvent ça arrive. Parfois, on évite le pire, l’ambulance arrive et c’est réglé», ajoute M. Smith.

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