Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 1 : Le bout de la terre

Dépêche no 1 : Le bout de la terre

Le 27 février 2016 : S’il fallait désigner un endroit dans le monde comme étant « le bout de la terre », Madagascar serait un bon candidat. J’ai quitté Montréal le 24 février au soir sous la pluie verglaçante et je suis arrivé à Paris quelques minutes trop tard pour prendre mon vol de correspondance vers Madagascar. Air France m’a donné le choix de rester trois jours à Paris ou de voyager avec trois compagnies aériennes différentes en passant par deux villes africaines pour rejoindre Antananarivo presque 2 jours plus tard. Aucune de ces propositions n’était raisonnable. J’ai donc décidé de débourser un peu plus afin de pouvoir rejoindre Tamatave, le port d’attache de l’Africa Mercy, en empruntant un nouvel itinéraire de vol par St-Denis de la Reunion, petit territoire français au sud de l’océan Indien. Je suis arrivé à Tamatave 36 heures après avoir quitté Montréal, épuisé par le manque de sommeil et le décalage horaire, pour apprendre que mes bagages n’avaient pas suivi.

Mais, au premier regard posé sur le bateau, ma fatigue a commencé à se dissiper. En franchissant la passerelle, j’ai pensé aux milliers de patients qui avaient franchi cette même passerelle afin de trouver l’espoir et la guérison. Je mettais les pieds dans un lieu profondément chaleureux et accueillant. Tout le monde, de la réceptionniste au directeur en chef, m’a accueilli avec chaleur, amour et compassion, me témoignant de la gratitude parce que j’avais décidé de me joindre à eux. Tous ces gens que j’ai rencontrés au cours de mes premières heures étaient des résidents bénévoles qui étaient à bord depuis des mois, voire des années. Et ils me remerciaient de venir y passer deux semaines – belle leçon d’humilité.

En l’espace de quelques heures, je me suis installé dans ma cabine, j’ai visité le bateau, puis j’ai fini la paperasse d’embarquement et la formation d’urgence. J’ai déjà le sentiment d’appartenir à cette communauté de centaines de personnes originaires de plus de 40 pays et représentant différentes professions, différentes cultures, différentes races, différentes langues et différentes confessions chrétiennes, toutes unies dans un seul et unique but : servir les plus démunis d’entre nous. « En vérité je vous le dis, tout ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mathieu 25,40)

Le docteur Sherif Emil est chirurgien pédiatre et directeur de la division de chirurgie thoracique et de chirurgie générale pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Pendant 2 semaines, il fera partie de l’équipage bénévole de l’Africa Mercy, amarré en ce moment à Tamatave, Madagascar. L’Africa Mercy est le plus grand navire-hôpital civil au monde qui a pour mission d’apporter espoir et guérison aux dizaines de milliers de populations défavorisées dans le monde.

Lisez davantage:

Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 2 : Que demander de mieux ?

Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 3 : Héros de l’Afrique

Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 4 : La puissance de la camaraderie

Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 5 : Il faut un navire de l’espoir

Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 6: Jane

Dépêches du navire-hôpital Africa Mercy no 7 : Concept de miséricorde (la dernière dépêche)