Des médecins canadiens découvrent un meilleur traitement pour les bébés ayant une infection respiratoire et réduisent les taux d’hospitalisation

Des pédiatres canadiens ont découvert une meilleure manière d’aider les bébés atteints d’une infection respiratoire appelée bronchiolite et ont donc été en mesure de réduire le nombre de ces hospitalisations de plus d’un tiers.

Une étude nationale, dirigée par la Dre Amy Plint au Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario (CHEO) et à l’Université d’Ottawa, le Dr Terry Klassen de l’Université de l’Alberta et du Stollery Children’s Hospital, le Dr David Johnson du Alberta Children’s Hospital et de l’Université de Calgary, et la Dre Hema Patel de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de l’Université McGill, a indiqué que combiner deux médicaments courants permettait de réduire les hospitalisations de 35 pour cent.

Les résultats de l’étude, qui a porté sur 800 bébés de services des urgences de huit hôpitaux pédiatriques de tout le Canada,y compris le CHEO, sont publiés jeudi le 14 mai, 2009 dans le New England Journal of Medicine.

«Trente-cinq pour cent représente une chute substantielle. Ces résultats sont très importants pour le système de soins de santé et pour les familles ayant de jeunes enfants dans le monde entier» a déclaré Plint, chercheure en chef du projet et auteure. Plint est urgentologue pédiatrique au CHEO et professeure agrégée de pédiatrie et d’urgentologie à l’Université d’Ottawa.  «La bronchiolite est une maladie très courante, associée à des symptômes éprouvants pour les nourrissons et leurs parents, qui aboutit souvent à un taux élevé d’hospitalisations et à des frais de soins de santé élevés. Les enfants qui ont participé à cette étude ont reçu un traitement combinant deux médicaments et se sont rétablis plus vite, sont retournés à la maison plus rapidement et ont eu moins besoin de soins en hôpital.»

La bronchiolite, une inflammation des petites voies respiratoires des poumons appelées bronchioles, affecte généralement les enfants de moins de deux ans, surtout ceux ce trois à six mois. Habituellement causée par une infection virale, la bronchiolite cause la toux, la respiration sifflante et la difficulté à respirer chez les bébés. Au Canada, on estime que 35 bébés sur 1 000 sont hospitalisés pour ce problème, chaque année, les taux ayant presque doublé au cours des 10 à 15 dernières années. Le coût annuel des hospitalisations pour cause de bronchiolite aux États-Unis ont été estimés à 700 millions de dollars. En 1993, on estimait de manière conservatrice le coût de la bronchiolite au Canada comme s’élevant à 23 millions de dollars. Les taux d’hospitalisation ont doublé depuis.

«C’est une nouvelle excitante, parce que la bronchiolite est une maladie éprouvante pour les jeunes enfants et leurs parents, ainsi qu’un fardeau énorme pour le système de soins de santé, en terme d’hospitalisations» déclare Klassen, professeur au Département de pédiatrie, Faculté de médecine et dentisterie de l’Université de l’Alberta. «Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’autre option claire de traitement que l’administration d’oxygène si leur niveau d’oxygène était bas et de liquides s’ils ne s’alimentaient pas.»

L’un des médicaments de l’étude, l’épinéphrine, est un bronchodilatateur qui relaxe les muscles et ouvre les voies respiratoires. L’autre, la déxaméthasone, est un médicament stéroïdien qui réduit l’inflammation. Ces types de médicaments ont été tentés pour le traitement de la bronchiolite, mais aucune étude n’a soutenu leur efficacité quand ils ont été utilisés séparément.

Cependant, il s’agit de la première grande étude utilisant les deux médicaments ensemble. «Nous avons découvert que ces deux médicaments pris ensemble produisaient des résultats étonnants» a déclaré Plint. 

Le fait que le traitement combiné a permis de soigner beaucoup plus d’enfants chez eux, en toute sécurité, et non à l’hôpital, représente un avantage immense. «L’hospitalisation représente une interruption importante de la routine quotidienne des jeunes enfants et de leur famille»  explique la Dr Hema Patel de l’Hôpital de Montréal pour enfants et de l’Université McGill.

Un essai clinique randomisé effectué dans différents sites au Canada a permis de déterminer quel traitement était le plus efficace. Les nourrissons de six semaines à 12 mois diagnostiqués comme ayant la bronchiolite ont été placés au hasard dans l’un de quatre groupes de l’étude. Un groupe a été traité avec de l’épinéphrine et de la déxaméthasone; un groupe a reçu seulement de l’épinéphrine; un autre a reçu uniquement de la déxamethasone et un groupe a reçu un placebo.

L’étude a permis de découvrir que les nourrissons ayant reçu le traitement aux médicaments combinés sont revenus à la normale sur le plan de la respiration et de l’alimentation plus rapidement, et ont reçu leur congé plus vite. Un suivi effectué sept jours plus tard a indiqué une chute de 35 pour cent des hospitalisations, par comparaison avec les nourrissons des autres groupes.

Cette étude a été effectuée par le groupe de recherches axées sur la collaboration Pediatric Emergency Research Canada (PERC) et subventionné par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), à raison de 1,96 millions de dollars, des subventions supplémentaires étant accordées par la Alberta Children’s Hospital Foundation.  Huit hôpitaux canadiens y ont participé : le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario, le B.C. Children’s Hospital à Vancouver, le Alberta Children’s Hospital de Calgary, le London Health Sciences Center, le Children’s Hospital of Western Ontario à London, l’Hôpital de Montréal pour enfants, l’Hôpital Sainte-Justine de Montréal et le IWK Health Centre à Halifax.  L’étude rassemblait des chercheurs de neuf universités canadiennes.

«Nos découvertes ont des implications possibles pour le traitement non seulement des enfants présentant une bronchiolite, mais aussi de nombreux autres jeunes enfants ayant des épisodes multiples de respiration sifflante» a déclaré Johnson, professeur de pédiatrie à l’Université de Calgary. «Un enfant sur trois a au moins un épisode de respiration sifflante avant son premier anniversaire de naissance. Nous pensons que les connaissances acquises grâce à cette étude aboutiront à des études de suivi à long terme qui permettront éventuellement de mieux soigner tous ces enfants.»

Article disponible à www.NEJM.ORG

N ENGL J MED 360;2

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