D’infirmière de chevet à maman à l’USIN

Josiane Pépin, infirmière à l’HME, voit ses parcours personnel et professionnel se rejoindre

Pour Josiane Pépin, travailler avec les patients et les familles de la Clinique de suivi néonatal est plus qu’un travail – c’est une vocation qui a rejoint sa vie personnelle. Avant d’avoir ses trois enfants, Josiane était infirmière de chevet à l’unité de soins intensifs néonatals (USIN), où elle s’occupait des prématurés et des bébés les plus malades de l’hôpital. Elle n’aurait jamais imaginé se retrouver un jour dans la peau d’une famille de l’USIN, ayant besoin d’un suivi continu pour ses jumeaux Gustave et Édouard, nés à 34 semaines de grossesse, en janvier 2018.

« Ils ont eu besoin d’une assistance respiratoire pendant 12 heures après leur naissance, puis ont été nourris par gavage avec mon lait dès que j’en ai eu, raconte-t-elle. Gustave souffrait d’apnée et de reflux à cause de sa prématurité, et Édouard a eu besoin de photothérapie pour soigner une jaunisse. Même si je savais à quel point j’étais chanceuse d’avoir donné naissance aux garçons à presque 35 semaines de grossesse, j’avais bien pensé mener la grossesse de mes jumeaux à terme. C’était pour le moins inattendu. »

À cause de son expérience d’infirmière de chevet, Josiane raconte qu’avec ce brusque renversement des rôles, elle a eu du mal au début à laisser de côté son rôle d’infirmière pour celui de maman. « Comme ils étaient malades et branchés à des appareils au début, il a fallu un peu plus de temps pour créer le lien maternel, explique-t-elle. À cause de mes connaissances et de mon expérience, je me suis retrouvée à poser beaucoup de questions de nature professionnelle au lieu de voir les choses simplement comme une mère. Je faisais totalement confiance à mes collègues, mais ça faisait bizarre d’être sur mon lieu de travail en tant que mère. »

Après un peu plus de 2 semaines à l’USIN, Josiane a enfin reçu la bonne nouvelle. Les garçons étaient suffisamment en santé pour rentrer à la maison – un jour que Josiane n’oubliera jamais. Aujourd’hui, ses garçons ont 16 mois et sont bien vigoureux, mais Josiane raconte que le fait d’avoir été au chevet de ses fils malades a eu un effet durable et a considérablement changé sa façon de voir.

Nouveau rôle, nouvelles perspectives

À son retour de congé de maternité cet hiver, Josiane a changé de poste pour se joindre à l’équipe multidisciplinaire de la Clinique de suivi néonatal; elle y travaille comme infirmière auprès de familles qui vivent bien des choses qu’elle a elle-même vécues dans son parcours de mère. La clinique assure le suivi des bébés nés prématurément et qui ont eu des problèmes de santé à la naissance pour surveiller leur développement et les diriger vers les services appropriés si nécessaire. C’est un rôle pour lequel elle se sent destinée à bien des égards, parce qu’elle comprend mieux que jamais ce que chaque famille vit.

« Mon parcours m’offre un autre genre de connaissances que je ne pouvais pas vraiment transmettre avant d’avoir mes enfants, explique-t-elle. J’essaie de ne pas trop comparer, parce que chaque situation est différente; mais je pense avoir encore plus d’empathie pour ces familles et pour la patience dont elles doivent faire preuve au quotidien, quand ils ont plus d’un bébé par exemple. »

« Je peux assurément comprendre comment il est difficile de rester organisé, de gérer la logistique complexe d’une vie de famille et de gérer les conflits entre les enfants!, s’esclaffe-t-elle. Je suis vraiment contente quand je peux donner des conseils ou suggérer des ressources qui m’ont été utiles et que j’ai personnellement utilisées, et je pense que les familles y sont sensibles. Comme parent, c’est rassurant de rencontrer d’autres parents qui peuvent confirmer à quel point les choses peuvent parfois être difficiles. Et la première année est éprouvante. Je suis là pour leur dire que j’ai survécu et que j’apprends encore à accepter que ma maison ne sera plus jamais aussi propre. C’est une question de patience, et j’apprends ça en même temps que mes familles. »