Exploration des contaminants environnementaux et de la croissance humain

Un profil de Cynthia (Cindy) Gates Goodyer, Ph. D.
 
Des décennies de recherche fondamentale en endocrinologie moléculaire ont bien préparé la Dre Cindy Gates Goodyer à s’attaquer aux problèmes de santé qui touchent chaque être humain sur la planète.
 
De son laboratoire dans un pavillon de L’HME, la Dre Goodyer codirige une étude de 5 ans et 2,5 millions de dollars avec sa collègue de McGill, la Dre Barbara Hales. Et ce sont les possibles effets toxiques des ignifugeants bromés — des produits chimiques presque impossibles à éviter, qui se retrouvent sous l’oeil du microscope.
 
Les ignifugeants bromés sont ajoutés aux produits de consommation pour éviter qu’ils prennent feu trop rapidement. Ils sont présents dans une multitude de produits allant des tissus aux revêtements isolants en passant par le câblage électrique, les meubles rembourrés et les appareils électroniques. Plus de 80 % de l’exposition humaine aux ignifugeants bromés vient de la poussière contaminée présente dans nos espaces de vie, résultat de l’usure normale de ces produits. Le reste provient des aliments.
 
Une précédente étude menée auprès d’animaux et d’humains donne à penser que les ignifugeants bromés peuvent affecter les premiers stades du développement et la santé de la reproduction. En réponse à ces observations, le Canada, les États-Unis et plusieurs pays européens ont interdit la production et l’usage de plusieurs ignifugeants bromés dans les produits manufacturés au cours de la dernière décennie.
 
Malheureusement, comme le souligne la Dre Goodyer, plusieurs des produits que nous utilisons dans notre vie de tous les jours ont été fabriqués avant l’interdiction. Quand ces produits sont jetés, ils se retrouvent souvent dans des sites d’enfouissement où les ignifugeants bromés s’infiltrent dans les eaux souterraines et poursuivent leur existence comme contaminants environnementaux, remontant progressivement dans la chaîne alimentaire. Au cours des vingt dernières années, les concentrations d’ignifugeants bromés dans l’environnement nord-américain ont augmenté de façon spectaculaire. Par conséquent, les concentrations d’ignifugeants bromés mesurées dans le sérum des Nord-Américains sont maintenant parmi les plus élevées au monde. Et c’est chez les nouveau-nés et les nourrissons qu’on observe les plus fortes concentrations.
 
Grâce au financement des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), les Dres Goodyer et Hales dirigent une équipe de dix-huit chercheurs de cinq universités canadiennes et de Santé Canada qui travaillent à des études animales et humaines visant à connaître les effets des ignifugeants bromés sur le développement et sur la santé de la reproduction des populations mâles et femelles. L’équipe multidisciplinaire réfléchit aussi à des questions éthiques, juridiques et sociales entourant l’emploi des ignifugeants bromés et l’exposition humaine à ces produits.
 
Cette recherche vise à déterminer si les ignifugeants bromés présentent un risque potentiel pour la santé, non seulement pour les individus, mais également pour les générations futures, des données qui seront importantes pour les décideurs, les professionnels de la santé et la communauté canadienne en général.
 
Comme plusieurs chercheurs de carrière, la Dre Goodyer travaille sur plusieurs projets à long terme, et les résultats de l’un viennent souvent enrichir les autres. La croissance humaine est un autre sujet d’intérêt pour son laboratoire.
 
Elle explique que la croissance est un processus complexe régulé par plusieurs gènes ainsi que par des facteurs nutritionnels et environnementaux. L’hormone de croissance est connue pour jouer un rôle essentiel chez l’enfant en croissance ainsi que chez l’adulte. Elle agit par l’entremise de plusieurs facteurs de croissance et effets métaboliques, en liant son récepteur spécifique (GHR) à des cellules cibles. Ainsi, la capacité de l’hormone de croissance d’exercer son action est intimement liée à la disponibilité de ce récepteur.
 
La Dre Goodyer cherche à identifier les régions du gène GHR responsables de contrôler l’expression du récepteur GHR.
 
Cette « esquisse biologique » servira de base pour comprendre comment les niveaux de GHR dans les tissus varient au cours du développement normal et diffèrent d’un individu à l’autre. Elle aidera aussi à définir les changements génétiques chez des individus de tous âges qui montrent une réaction diminuée à l’hormone de croissance (croissance postnatale anormale, obésité) ou une réaction exagérée à l’hormone de croissance (cancers).