« Je n’ai pas peur d’être montrée du doigt »

Simone Aslan s’investit auprès de l’unité de psychiatrie de l’HME

Simone Aslan n’a pas peur de parler de son parcours dans l’univers de la santé mentale. Il y a deux ans, elle a été hospitalisée et traitée à l’unité de psychiatrie de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) en raison de pensées suicidaires et d’actes autodestructeurs. « Je n’allais pas bien et je me sentais très seule », dit-elle. Elle s’est confiée à ses parents, à qui elle a expliqué qu’elle n’exagérait pas les émotions ressenties et qu’elle avait besoin d’aller à l’hôpital. « Si je n’en avais pas parlé à mes parents, ils n’auraient probablement jamais su ce que je vivais », rapporte-t-elle.

Elle a passé une semaine à l’unité, où elle estime avoir reçu beaucoup d’aide. Deux ans plus tard, elle a donc décidé de trouver une façon de s’impliquer activement. Simone a choisi d’axer son projet intégrateur sur l’unité de psychiatrie de l’HME. Elle a commencé par créer des trousses de soins pour les patients, puis elle a porté ses efforts vers le financement en ligne, qui lui a permis d’amasser 7 642 $ qu’elle a utilisés pour acheter des produits essentiels, comme des vêtements, des brosses à dents et du dentifrice pour les patients de l’unité.

Ces produits de première nécessité aident beaucoup les patients. Michèle Paquette, infirmière gestionnaire à l’unité de psychiatrie, souligne que l’unité n’a pas les fonds nécessaires pour acheter de tels produits. Certains patients arrivent directement de l’urgence ou de régions éloignées de Montréal, et il faut parfois plusieurs jours avant qu’ils aient autre chose que les vêtements qu’ils avaient sur le dos à leur arrivée. « Les patients se sentent mieux quand ils ont des vêtements propres et des produits d’hygiène personnelle qui leur permettent de prendre soin d’eux. Quand leurs besoins fondamentaux sont comblés, il est plus facile de s’occuper de leurs besoins psychologiques », explique-t-elle.

Simone a livré ces produits à l’HME avec un camion de déménagement, et elle a éprouvé une grande satisfaction à terminer le projet. « Quand j’ai une idée, j’entends la mener à bien. Sur le plan émotionnel et économique, je suis en bien meilleure posture que certaines personnes, alors pourquoi ne pas aider? », demande-t-elle. Elle avoue qu’elle s’inquiétait du fait de manquer l’école pendant son hospitalisation, mais à son retour en classe, elle s’est montrée très ouverte avec ses camarades sur les raisons de son absence. Quand les gens posaient des questions, elle répondait honnêtement. « J’ai toujours été franche et je n’ai pas peur d’être montrée du doigt », dit-elle. Elle croit qu’en faisant preuve d’honnêteté, les personnes compatissantes vont vouloir aider et offrir leur soutien. 

Simone, qui a aujourd’hui 17 ans, a obtenu son diplôme de fin d’études secondaires, après avoir reçu une très bonne note pour son projet intégrateur. Cette année, elle étudiera les arts visuels au Collège Dawson. Elle a bien l’intention de continuer à militer pour la santé mentale chez les jeunes. « C’est plus facile d’ignorer les problèmes de santé mentale que d’en parler, dit-elle. Le plus difficile pour moi, c’était de me sentir seule, et personne ne devrait se sentir comme ça. »