La pauvreté peut modifier les gènes des enfants asthmatiques

Est-ce que vivre dans la pauvreté modifie votre patrimoine génétique? C’est très possible selon une étude.

Des chercheurs canadiens ont découvert que les gènes qui contrôlent les réactions inflammatoires, lesquelles surviennent dans l’organisme en réaction à une infection ou une maladie, sont plus actifs chez les enfants asthmatiques de milieux défavorisés.

L’étude a aussi permis de constater que les enfants de milieux défavorisés qui souffrent d’asthme avaient des symptômes plus graves que les enfants de milieux favorisés.

Dans leur étude portant sur 31 enfants asthmatiques, dont la moitié étaient de milieux pauvres et l’autre moitié de milieux plus riches, les chercheurs ont constaté que :


  • les gènes qui produisent les substances chimiques inflammatoires, appelées cytokines, qui déclenchent les réactions de stress, étaient plus actifs chez les enfants de milieux défavorisés;
  • les enfants de milieux favorisés avaient plus de gènes qui aident à contrôler l’inflammation.
« Cette étude est la première preuve, avec un échantillon de patients pédiatriques diagnostiqués asthmatiques, que le milieu social étendu peut influencer les processus au point de vue de la génomique », selon les auteurs.

Les chercheurs n’ont pas pu tirer de conclusions de cause à effet; c’est-à-dire qu’ils n’ont pas pu expliquer ni pourquoi ni comment les conditions de vie pouvaient provoquer l’asthme ou les crises d’asthme.

Selon l’une des théories, avoir une perception négative de son environnement pourrait influencer les processus biologiques naturels de l’organisme qui, à leur tour, influencent le fonctionnement des gènes.

La recherche a été menée par une équipe de scientifiques de l’Université de Colombie-Britannique et publiée dans la revue Thorax.

Les chercheurs savent depuis longtemps que les personnes qui vivent en milieux défavorisés sont plus sensibles à la maladie et courent plus de risques d’en mourir.

Des études ont aussi montré que le taux d’asthme est plus élevé chez les enfants de milieux défavorisés.
En fait, selon l’étude, les enfants asthmatiques qui viennent de milieux socio-économiques moins nantis sont plus souvent hospitalisés, se rendent plus souvent à l’urgence et passent plus de journées cloués au lit que les enfants asthmatiques de milieux socio-économiques plus riches.

Pour leur étude, les chercheurs ont pris des sujets dont l’âge allait de 9 à 18 ans.

Ils ont analysé le patrimoine génétique d’un groupe de cellules immunitaires, appelées lymphocytes T (cellules T), qui contrôlent l’inflammation des voies respiratoires qui se produit en réponse à des déclencheurs comme la poussière ou les poils d’animaux.
Lorsque les voies respiratoires s’irritent, la victime subit une crise d’asthme qui peut être résorbée au moyen de médicaments comme les inhalateurs.

Cependant, l’étude soulève des questions sur les traitements contre l’asthme qui pourraient ne pas être aussi efficaces chez les enfants dont les gènes déclenchent des réactions inflammatoires plus vives.

Les auteurs affirment qu’une autre étude devra examiner comment « l’asthme est façonné par les environnements sociaux ».

Les chercheurs doivent aussi voir si le statut socio-économique a un effet similaire sur les gènes des enfants qui ne souffrent pas d’asthme.