À la rencontre de George Midgley : vétéran de la guerre, ingénieur, zoologiste amateur et bénévole à L’HME

Par Lisa Dutton
 
Henry David Thoreau a écrit : « La plupart des hommes mènent des vies de désespoir tranquille et vont à la tombe avec la chanson encore en eux. »  George Midgley ne fait certainement pas partie de ces hommes.
 
Né en Angleterre, M. Midgley est l’un des rares survivants de ces milliers de petits immigrés de Grande-Bretagne, des enfants de familles pauvres, d’orphelinats et de la rue que l’on a envoyés au Canada afin de coloniser le pays. À l’âge de 14 ans, il s’est retrouvé à travailler sur une ferme à Sherbrooke.
 
Au début de la Deuxième Guerre mondiale, M. Midgley était captivé par les discours enflammés de Winston Churchill. Il a aussi entendu le Roi George IV (pas Colin Firth) prononcer le discours du roi le 3 septembre 1939. Désireux de participer à l’effort de guerre et avide d’aventure, M. Midgley a fait de l’autostop et s’est rendu jusqu’à Halifax. Il avait alors 16 ans, un trop jeune âge pour s’enrôler, mais pas pour travailler comme timonier sur un navire pétrolier norvégien qui faisait la traversée de l’Atlantique pour acheminer le combustible pour l'aviation en Grande-Bretagne. « Le navire transportait 7 millions de gallons de carburant. C’était une véritable bombe flottante », raconte M. Midgley. « Nous avons vu pas mal d’action durant nos traversées. Lors des attaques, l’équipage devait rester sur le pont à l’arrière du bateau pour qu’en cas de bombardement nous puissions sauter dans l’océan au lieu de sauter tout court. »
 
M. Midgley rapporte que tous les marins recevaient des gilets de sauvetage équipés d’une lumière; celle-ci leur permettait d’être localisés lorsqu’ils tombaient à l’eau. Une nuit, le navire a été entouré de lumières; nous pouvions entendre les hommes crier à l’aide. Mais le navire a poursuivi sa route. M. Midgley a alors demandé au capitaine : « N’allons-nous pas nous arrêter? » Il n’a eu qu’un « non » sec pour réponse. Le transport du carburant en Angleterre avait plus de valeur que les hommes à la mer.
 
Après la guerre, M. Midgley s’est enrôlé dans l’Armée canadienne. Il a poursuivi sa formation à l’école des forces armées à Kingston et a étudié à l’Université Sir George Williams où il a obtenu un diplôme d’ingénieur mécanique. « Encore aujourd’hui, je peux démonter un moteur et le remonter les yeux fermés », prétend-il.
 
Une fois son engagement terminé, il a travaillé pour la Shawinigan Engineering Company à construire des stations de conversion, des cimenteries et des systèmes d’irrigation partout dans le monde. Il s’est aussi consacré à sa passion pour les animaux en devenant l’un des fondateurs de la Société zoologique de Montréal. Il est encore aujourd’hui président de la société.
 
À sa retraite, M. Midgley a commencé à faire du bénévolat à L’Hôpital de Montréal pour enfants, y consacrant deux jours par semaine. Il a apporté son aide aux Services éducatifs en préparant des biscuits avec les enfants, en jouant à des jeux de société avec eux et en présentant à plusieurs reprises le diaporama de son safari en Afrique pour les enfants et leur famille.
 
Il a ensuite fait du travail de bureau pour les services de bénévoles, faisant le suivi des heures travaillées par les bénévoles de L’HME. L’ingénieur qu’il est toujours a pu simplifier le système de compilation et il ne travaille maintenant qu’une journée par semaine.
 
Aujourd’hui, à l’âge de 83 ans, il est affirmatif : « Je n’ai jamais été de ces gens qui restent assis sur leurs fesses (M. Midgley a employé un mot un peu plus court) à ne rien faire. Vous devez rester occupé, dit-il. J’ai eu une bonne vie, mais je n’ai pas encore jeté la serviette », ajoute-t-il en rigolant, soulignant qu’il a encore bien des projets en tête.
 
Il ajoute qu’il a été bénévole parce que d’autres lui ont donné beaucoup et qu’il veut maintenant redonner un peu de ce qu’il a reçu.