Le jeu en vaut-il la chandelle ? Un nouveau programme de prévention des blessures encourage les étudiants à promouvoir une conduite responsable auprès de leurs pairs

Les adolescents aiment prendre des risques. Maintenant, placez-les dans une voiture, un permis de conduire tout neuf entre les mains, et croisez vos doigts pour qu’ils respectent tout ce qu’ils ont appris sur la conduite responsable. La vérité, c’est que le message ne les rejoint pas toujours, même s’ils ont probablement eu droit à un grand discours de leurs parents et du directeur d’école. Par contre, qu’en serait-il s’ils entendaient le même discours, mais de la bouche de leurs camarades ?

Le 29 mars, les étudiants de l’école secondaire Bialik qui ont participé au programme ont présenté leur travail de cette année dans la Promenade Larry et Cookie Rossy de l’Hôpital de Montréal pour enfants. Ils ont projeté un diaporama avec des photos de toutes leurs activités et ont lancé un message d’intérêt public qu’ils ont créé sur la conduite sécuritaire.

Par des adolescents, pour les adolescents

Le centre de traumatologie de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) a créé un nouveau programme de prévention pour les étudiants de 4e et 5e secondaire avec pour objectif ultime de réduire le nombre de blessés et de morts chez les adolescents victimes d’accidents de la route. « Le jeu en vaut-il la chandelle » est un programme conçu de façon à inciter les étudiants du secondaire à diffuser cet important message auprès de leurs camarades. Le programme se divise en deux : 1) une campagne de marketing sur la conduite sécuritaire animée par des étudiants (campagne SLIPP) qui se déroule tout au long de l’année scolaire ; et 2) une présentation dans les écoles destinée aux étudiants les plus vieux sur les facteurs de risques associés aux accidents de voiture et les conséquences de l’abus d’alcool.

« Les présentations dans les écoles sont efficaces, mais seulement jusqu’à un certain point », rapporte Liane Fransblow, coordonnatrice en traumatologie pour le programme de prévention des blessures de l’HME. « Les programmes gérés par les pairs sont plus efficaces pour changer le comportement d’un adolescent, parce qu’ils sont créés par le même groupe de personnes qui composent votre auditoire cible. »

Penser autrement

Au cours de la dernière année, le programme de prévention des blessures du centre de traumatologie de l’HME a travaillé avec des étudiants de l’école secondaire Bialik, une école privée de Côte-Saint-Luc. Dix étudiants ont été recrutés pour créer et mettre en œuvre une campagne de marketing sur la conduite sécuritaire dans leur école en concevant cinq activités devant se déroule tout au long de l’année scolaire. « Nous avons eu beaucoup de plaisir à chercher des idées et à trouver toutes les activités », rapporte Erin Malus, étudiant de 5e secondaire à Bialik. Chaque activité devait cibler un sujet en particulier, notamment le port de la ceinture de sécurité, les excès de vitesse, la conduite avec facultés affaiblies, les distractions en conduisant et l’intoxication à l’alcool.  

Pour s’attaquer au port de la ceinture de sécurité, l’équipe a créé une campagne Instagram qui encourage les jeunes à envoyer des photos d’eux portant leur ceinture de sécurité au volant. Quant aux distractions en conduisant, l’équipe a mis en scène deux étudiants qui jouent à Mario Kart sur la Wii, alors que l’un d’eux est distrait par de la nourriture, des boissons et son téléphone cellulaire. « À mon avis, l’activité qui a eu le plus gros impact, c’est la course à obstacles faite par des étudiants qui portaient des lunettes de vision fatale. Avec ces lunettes, ils avaient l’impression d’être ivres, et ça leur a fait réaliser tout ce qu’ils n’arrivaient plus à faire correctement après avoir bu quelques verres », raconte Erin Nemes, la conseillère d’orientation de l’école. « Ç’a été extrêmement révélateur, en particulier pour les étudiants qui envisagent de prendre ou prennent déjà de l’alcool et des drogues. »

Avenir prometteur

Liane Fransblow espère étendre le programme pour inclure jusqu’à cinq autres écoles l’an prochain. Les étudiants sont aussi invités à continuer à promouvoir la conduite responsable dans leurs communautés. Lawrence Slapcoff, étudiant en médecine à l’Université McGill, travaille avec Liane sur le programme. À son avis, ce programme est une formidable occasion pour les étudiants de toutes les professions de la santé de s’engager dans des activités communautaires et d’entrer en contact avec les adolescents pour les encourager à faire des choix intelligents. Debbie Friedman, directrice du service de traumatologie à l’HME, souhaite éventuellement inclure les parents dans le programme, pour ainsi former un autre partenariat déterminant.

« Les étudiants de tous âges retiennent différents messages de ce programme ; à mon avis, les comités de ce programme deviendront très attrayants et les étudiants voudront y participer, souligne Erin Nemes. J’ai déjà plein d’étudiants qui en parlent pour l’an prochain ! »