Le nouveau Centre de simulation médicale McGill : Un lieu de formation sûr pour offrir de meilleurs soins

Par Maeve Haldane - The McGill Reporter

L’industrie de l’aviation a compris depuis longtemps qu’un faux écrasement d’avion était de loin préférable à un vrai. C’est pourquoi depuis plusieurs années, les pilotes sont formés sur des simulateurs de vol d’avant-garde où le prix de leurs erreurs ne se chiffre qu’en gêne passagère. Aujourd’hui, c’est au tour de l’enseignement médical d’adopter ce type d’approche, et McGill entend être à la fine pointe de cette technologie. Le 14 septembre dernier, le nouveau Centre de simulation médicale McGill a ouvert ses portes au complexe La Cité sur l’avenue du Parc. Premier établissement entièrement intégré de ce type au Canada, le centre ouvre une nouvelle voie pour former les professionnels de la santé avec une efficacité et une profondeur inégalées, leur permettant de mettre leurs connaissances en pratique jusqu’à la maîtrise parfaite.

Lors de l’inauguration, le doyen de la faculté de médecine Richard Levin a cité le cofondateur de Xerox affirmant que « le meilleur moyen de prédire l’avenir est de l’inventer », en ajoutant que « ensemble nous traçons la voie de l’avenir ».

Le directeur du centre et médecin au département de chirurgie, Kevin Lachapelle, rappelle que quand a germé l’idée d’engager McGill sur la voie inédite de la simulation médicale haute technologie, le plan était clairement d’apprendre de ce qui existait. « Nous voulions créer un espace ouvert à l’ensemble de l’université, pour que quiconque ayant à mettre en pratique une intervention technique puisse s’y exercer », ajoute le Dr Lachapelle. « Nous avions besoin d’un centre de simulation intégré faisant appel à toutes les modalités de simulation. La plupart des centres se concentrent sur une compétence en particulier », précise-t-il. « Ce centre rassemble toutes les modalités hors d’un contexte clinique. Et en le rendant accessible à plusieurs départements, nous épargnons des coûts d’infrastructure et profitons d’économies d’échelle. »

Les coûts d’infrastructure s’élèvent à 6 millions de dollars, provenant d’une subvention de 21 millions de dollars accordée par le ministère de l’Éducation du Québec dans le cadre d’un programme de financement plus vaste pour les facultés de médecine de la province. Des coûts additionnels de 1,4 million de dollars ont été nécessaires à l’aménagement de base de l’édifice, comme l’installation du câblage électrique et de la ventilation. Une fondation distincte a aussi été mise sur pied pour les coûts d’exploitation, qui devraient varier entre 1,2 et 1,5 million de dollars par année.

Chaque année, cet espace sera un outil des plus précieux pour quelque 2 000 résidents et étudiants en médecine, soins infirmiers, physiothérapie et ergothérapie. Les étudiants  pratiquent des interventions chirurgicales complexes dans une grande salle bien éclairée contenant six longues tables; chaque station est dotée de caméras et d’écrans qui permettent aux observateurs de suivre de près le travail minutieux exécuté dans des situations délicates. Le jour de l’ouverture, Geneviève Nadeau, résidente de première année en chirurgie générale, et Danny Del Duca, résident de troisième année en chirurgie cardiovasculaire, ont suturé l’artère carotide sectionnée d’une vache. « Ça ressemblait beaucoup à une artère humaine, mais en plus gros », nous a dit Geneviève.

Grâce au réseau de 10 salles d’examen, les étudiants peuvent mettre en pratique leurs habiletés communicationnelles avec de faux patients. Chaque salle est équipée d’un miroir sans tain, de caméras et de microphones, de sorte que les examens peuvent être observés du corridor central ou d’une salle de classe attenante. Des acteurs de soutien, au nombre de 60, vont recréer des scénarios cliniques très précis pour que les étudiants apprennent à analyser les antécédents médicaux, à examiner un patient, à réagir à une douleur feinte et à gérer la détresse du patient. Les acteurs disposent même d’une salle de douche et de maquillage pour se faire de fausses meurtrissures ou coupures.
Au laboratoire de simulation, trois mannequins de conception particulière sont les vrais cobayes des étudiants pour apprendre comment dégager les voies respiratoires au moyen d’un tube, insérer un cathéter, insérer une aiguille ou effectuer une épidurale rachidienne.

« L’objectif est de rendre tout le système de santé meilleur et plus sûr », ajoute le Dr Lachapelle. « Là où la critique et l’autocritique font partie de la culture, on reconnaît qu’il y a des erreurs. Nous formons déjà d’excellents médecins et infirmières; maintenant nous disposons d’outils pour les former encore mieux et plus vite.  

Cet article est une gracieuseté du McGill Reporter