Les quatres CHU du Québec s'unissent pour demander un règlement obligeant le port du casque de vélo chez les enfants de moins de 18 ans

Montréal, mercredi 20 juin 2012 – Un comité de promotion de la santé, formé de professeurs des départements de pédiatrie des quatre centres hospitaliers universitaires (CHUQ, CHUS, CHUSJ, HME du CUSM), a été créé afin de faire valoir des propositions communes sur certains thèmes-clés jugés importants pour la santé et le bien-être des enfants et adolescents et où figure en priorité la sécurité à vélo. Les CHU demandent au gouvernement un règlement provincial qui viendrait appuyer leurs efforts de sensibilisation à l’importance du port du casque à vélo. Contrairement à certaines autres provinces canadiennes, le Québec fait piètre figure dans ce domaine.
 
La démarche précise du groupe d’action vise plusieurs objectifs :
  • promouvoir l’éducation sur la sécurité en vélo, autant chez les cyclistes que les automobilistes;
  • favoriser le développement d’un environnement adapté à la pratique du cyclisme chez les enfants et les adolescents;
  • augmenter le taux du port du casque chez les moins de 18 ans en améliorant l’accessibilité au casque chez les enfants provenant de milieux socio-économiques défavorisés et en adoptant un règlement provincial.
Les blessures à vélo sont fréquentes, elles sont la 3e cause des blessures chez les enfants de 10 à 14 ans. La plupart de ces blessures sont dues à la vitesse excessive atteinte par les victimes, à leur manque d’expérience dans le contrôle du vélo et à l’absence d’équipement de protection.
 
Les jeunes enfants sont en plein développement de leurs habiletés motrices, ce qui les expose à des chutes tandis qu’ils apprennent à maîtriser leur vélo. De plus, leur centre de gravité élevé rend le maintien de l’équilibre plus difficile, surtout au moment de manœuvrer le vélo et de négocier des virages. Les enfants de moins de 10 ans n’ont pas le jugement et les capacités nécessaires pour éviter les obstacles tels que les piétons et autres cyclistes. Avant l’âge de 10 ans, les enfants n’ont pas tendance à bien saisir les risques présentés par la circulation.
 
Les enfants de 10 à 14 ans traversent une période de croissance et de développement rapides. Ils peuvent se sentir assez confiants pour tenter des acrobaties à grande vitesse et des manœuvres compliquées.
 
Les blessures les plus graves touchent la tête et le cerveau, et même les traumatismes d’apparence anodine peuvent causer des lésions cérébrales permanentes. Le crâne humain a une épaisseur de 1 cm et peut être fracassé par un impact se produisant à seulement 7 à 10 km/h, alors que les cyclistes roulent à des vitesses entre 10 et 16 km/h. Un casque correctement ajusté évite à la tête d’absorber la force de l’impact d’un accident ou d’une chute, ce qui peut réduire jusqu’à 85 % les risques de traumatisme crânien et cérébral grave. Quatre traumatismes crâniens sur cinq pourraient être évités si chaque cycliste portait un casque.
 
Les raisons les plus souvent invoquées concernant la réticence à porter un casque sont qu’il est inconfortable et qu’il n’a pas « l’air cool ». Les amis, les parents et la loi concernant la sécurité sont cités comme des influences positives contribuant au port du casque.
 
Outre les bienfaits humains liés à l’absence de blessures, d’hospitalisations et aux décès évités, on estime que chaque dollar investi dans les casques permet d’économiser 30 $ en coût pour la société. De plus, chaque lésion cérébrale entraîne des dépenses de plus de 400 000 $ pour notre système de santé au moment du traumatisme. Les dépenses demeurent sensiblement les mêmes dans les années suivant l’événement en raison des frais indirects et de la prise en charge nécessaire à moyen et long terme.
 
Six provinces canadiennes ont des lois concernant le port du casque à vélo. Il est obligatoire à tout âge en Colombie-Britannique, au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et à l’Île-du-Prince-Édouard. En Alberta et en Ontario, il est obligatoire jusqu'à 18 ans.
 
Bien que la province de Québec n’ait toujours pas de loi en ce sens, la ville de Sherbrooke a pris l’initiative d’adopter une réglementation concernant le port obligatoire du casque de vélo pour les cyclistes de moins de 18 ans. Cette résolution a été entérinée en mars 2011, faisant de Sherbrooke la ville pionnière pour ce type de réglementation.  
 
En Alberta, la loi obligeant le port du casque à vélo a fait augmenter son utilisation de 75 % à 92 % chez les enfants, et de 30 % à 63 % chez les adolescents. Dans les régions où la loi rend obligatoire le port du casque à vélo, les taux de blessures sont en moyenne de 25 % inférieurs à ceux des régions où ces lois ne sont pas en vigueur. Aucune association entre l’entrée en vigueur d’une loi et la baisse du nombre de cyclistes n’a été constatée. En Alberta et à l’Île-du-Prince-Édouard, l’utilisation du vélo n’a pas diminué après l’implantation d’une loi obligeant le port du casque, et ce, tant chez les cyclistes âgées entre 12 et 17 ans que chez ceux âgés de 18 ans ou plus. Il n’est donc pas justifié de prétendre que le fait de rendre obligatoire le port du casque à vélo a pour effet de diminuer le nombre de cyclistes, du moins, pas au Canada.
 
Les quatre CHU ont pour mission commune d’assurer des soins spécialisés et ultra-spécialisés aux enfants et aux adolescents de la province. À l’approche des vacances estivales, il est impératif de rappeler que le port du casque à vélo peut sauver des vies. Il est important de garder sa tête pour pouvoir profiter de la vie et un règlement à cet effet est une voie certaine pour y arriver.

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Personne-ressource auprès des médias :
 
Mélanie Dallaire
Conseillère principale en communication, relations média, CHU Sainte-Justine
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