Les voies du cerveau : une nouvelle recherche lève le voile sur les mouvements en miroir

Par Christine Zeindler
 
Vous avez déjà remarqué que lorsqu’un bébé donne un coup de pied, les deux jambes bougent en même temps? Ce « mouvement en miroir » des côtés gauche et droit du corps est normal chez les tout-petits. Cependant, au fur et à mesure que le cerveau et les appareils moteurs se développent, nous apprenons à bouger nos membres opposés indépendamment les uns des autres. Il arrive toutefois que certaines personnes n’arrivent jamais à maîtriser cela, et les mouvements qu’ils font avec leurs membres droits sont reproduits par les membres gauches, même une fois adultes; on appelle cette pathologie « syncinésie d’imitation ». Quand un adulte atteint de cette pathologie bat la mesure avec son pied droit, son pied gauche fait de même.
 
Une nouvelle recherche a permis d’identifier la mutation d’un gène appelé DCC (Deleted in Colorectal Carcinoma) qui affecte le système nerveux et cause cette incapacité de bouger un côté sans que l’autre l’imite.
 
« Le mouvement en miroir chez l’adulte est très rare, mais c’est un phénomène qui a été observé un peu partout dans le monde », explique l’auteure principale de l’étude, la Dre Myriam Srour, neurologue pédiatrique à L’Hôpital de Montréal pour enfants du Centre universitaire de santé McGill. « Bien que les parents puissent trouver cette spécificité troublante, les enfants apprennent à s’adapter en supprimant le mouvement indésirable, de sorte que le problème est moins évident. »
 
La Dre Srour et ses collègues de l’Université de Montréal, du CHU Sainte-Justine, du Centre hospitalier de l’Université de Montréal, de l’Institut de recherches cliniques de Montréal, de l’Institut de cardiologie de Montréal et de la Jundishapur University of Medical Sciences ont analysé les gènes de quatre générations d'une famille canadienne-française présentant des mouvements en miroir. Toute la famille était porteuse de la même mutation du gène DCC. Des mutations du même gène ont aussi été trouvées chez une famille iranienne atteinte de la même pathologie.
 
« La découverte de cette mutation est importante, puisqu’elle est la première qui révèle le rôle du gène DCC dans le développement du cerveau humain, et parce qu’elle donne des indices sur le fonctionnement des voies motrices du cerveau. Maintenant que nous connaissons la mutation génétique en cause, les prochaines étapes consistent à voir si elle perturbe d’autres systèmes à un niveau plus subtil. »
 
Les résultats de cette étude ont été publiés dans la revue Science en avril 2010. L’étude était financée par les Instituts de recherche en santé du Canada.
 
Pour en savoir plus : http://www.radio-canada.ca/nouvelles/science/2010/04/29/002-Mouvements-miroir-gene.shtml