LíHME ouvre la voie avec son programme de pompe à insuline pour les enfants

Les pompes à insuline à usage pédiatrique sont en train de révolutionner le diabète chez les enfants, et l'Hôpital de Montréal pour enfants (HME) est un chef de file de cette technologie au Québec.

"Nous prescrivons plus de pompes à insuline pédiatriques que tout autre hôpital du Québec et nous recevons des patients de tout le Québec en raison de l'efficacité de notre protocole", dit Anne Bossy, infirmière enseignante à la
clinique du diabéte de l'HME.

Les preuves scientifique s'accumulent en faveur des pompes à insuline. Non seulement offrent-elles une qualité de vie grandement améliorée aux personnes diabétiques, mais elles sont supérieures aux injections d'insuline pour le maintien d'une glycémie proche de la normale, indépendamment des changements imprévisibles des habitudes 
alimentaires ou des niveaux d'activité du patient.

"Le contrôle précoce des taux de glycémie et d'hémoglobine glyquée (HbA1c) est la clé universellement reconnue de la réduction et du report des complications éventuelles d diabète, comme la rétinopathie, les neuropathies et les probléme cardiaques", dit le Dr Lauren Legault, chef de la clinique.

"L'avantage probablement le plus marqué des pompes à insuline es l'amélioration de la qualité de vie, et cet avantage est loin d'être négligeable, il est même très manifeste", dit-il. "Dans les thérapies classiques, un grand nombre de patients déplorent ne pouvoir avoir un style de vie normal en raison de l'astreinte que leur impose l'horaire rigoureux des repas et goûters. La pompe leur procure un style de vie ouvert à plus de spontanéité".

Les pompes à insuline sont des appareils informatisés, de la taille d'un téléavertisseur, qui administrent une perfusion continue d'un analogue de l'insuline rapide par la voie d'une canule insérée sous la peau. Cette perfusion, appelée le "débit basal", couvre la production du glucose hépatique en vue de maintenir la glycémie du patient entre 4 et 6 mmol/l en l'absence d'ingestion de nourriture. Le patient s'administre ensuite un "bolus" d'insuline (unités d'insuline par grammes d'hydrates de carbone consommés) pour couvrir les hydrates de carbone pris au cours des repas et goûters.

La supériorité de la pompe pour le maintien de la glycémie dans l'intervalle désiré repose sur la libération presque constante d'insuline rapide. Par comparaison, le régime classique des injections combine l'insuline rapide et l'insuline lente, appelée "insuline NPH".

"Les patients au rÈgime de deux ou trois injections quotidiennes commencent la journée avec un gros stock d'insuline  "N", qui est très imprévisible. Le taux d'absorption peut en effet fluctuer énormément", dit Anne Bossy. "Au contraire, le débit basal de la pompe est fixé d'avance, donc prévisible, et on peut l'ajuster à tout moment de la journée, pendant l'exercice physique par exemple. Par conséquent, les patients sous pompe ont des hypoglycémies moins fréquentes et moins graves et, comme ils dosent précisément leur insuline en fonction de leurs repas, ils présentent également moins d'hyperglycémie postprandiales. "Même les personnes au régime des "injections multiples" n'obtiennent pas le niveau de contrôle ou la qualité de vie que la pompe à insuline rend possible", ajoute-t-elle.

Le débit basal et le bolus de chaque pompe sont personnalisés en fonction des besoins du patient.

"Au départ, nous effectuons une analyse trés minutieuse des glycémies du patient au cours du stade initial du traitement par pompe, en vue de dÈterminer le schéma du débit basal et du bolus, dit Anne Bossy. "Il faut donc demander au patient de procéder à 10 mesures de glycémie sur 24 heures, pendant environ un mois."


Elle dit que contrairement à certains hôpitaux, qui exigent l'hospitalisation du patient au cours de cette phase de réglage (ce qui crée de longues listes díattente de patients en attente de pompes), le personnel de la clinique de l'HME accepte que les patients transmettent par télécopie, téléphone ou courriel leurs taux de glycémie à la clinique. "Nous croyons à la flexibilité à l'égard des besoins du patient et de sa famille."

Avant de commencer l'administration d'insuline sous pompe, le patient fait un essai avec une solution saline, tout en poursuivant ses injections d'insuline. Cette mesure permet de le familiariser avec le port de l'appareil et le changement du point d'insertion, qui a lieu aux deux ou trois jours. Une fois le premierchangement de cathéter contrôlé la clinique et l'administration d'insuline commencée, le patient est alors suivi par appels téléphoniques quotidiens.
Anne Bossy dit que le débit basal et le bolus initiaux sont continuellement suivis et ajustés au départ, jusqu'à ce que la formule idéale soit atteinte, ce qui prend habituellement quatre semaines".

Tous les membres du personnel de la clinique sont familiarisés avec la pompe à insuline, facteur qui donne à la clinique du diabète de l'HME son avance sur les autres cliniques de diabéte du Québec.

"Environ dix pour cent de nos patients sont actuellement sous pompe à insuline, et fait significatif, ces chiffres augmentent rapidement", dit-elle. "Un grand nombre de cliniques ne possèdent pas de protocole complet, car elles comptent seulement de 5 à 10 patients "sous pompe" et souvent un seul médecin, sans infirmière, pour faire le suivi de ces patients. Par comparaison, toute notre équipe de médecins et de personnel infirmier connaît bien la pompe et recrute activement de nouveaux patients."

Le protocole de la thérapie par pompe à insuline comporte les contre-indications suivantes : 1) des difficultés d'apprentissage du côtédu patient ou des parents; 2) la présence d'une autre maladie; 3) l'acidocétos diabétique fréquente (encore que certains experts fassent valoir que ce serait plutôt une indication favorable à la pompe); 4) lesuivi peu fréquent de la glycémie; 5) le changement peu fréquent des points d'injection; 6) une crainte extrême de l'hypoglycémie; 7) des problèmes psychologiques et 8) des troubles alimentaires, comme l'anorexie ou la boulimie.

Les pompes à insuline ne sont pas assurées par la Régie d'assurance maladie du Québec et elles coûtent environ six mille dollars l'unité, plus des frais mensuels de fournitures de 250 $ à 350 $. "Heureusement, la plupart des sociétés d'assurances privées remboursent actuellement de 80 à 100 pour cent de ces coûts", dit Anne Bossy.

Mais couvert par l'assurance ou assumé directement, Anne Bossy et le Dr Legault conviennent que le coût de la pompe à insuline vaut largement l'amélioration de la qualité de vie correspondante.

"Un de mes patients a neuf ans. Quand il a eu sa pompe à insuline, il a déclaré qu'il n'avait plus le diabéte parce qu'il pouvait manger quatre gaufres au sirop d'érable au petit déjeuner! Voilà le sentiment qu'elle procure au patient, et ça n'a pas de prix", dit Anne Bossy.

Programme de pompe à insuline :

Tél. : (514) 412-4400 poste 22860