Produits de consommation : une menace pour la fertilité des femmes?

Les retardateurs de flammes bromés (RFB) sont des substances chimiques ajoutées à une grande variété de produits pour les rendre moins inflammables. Ils sont utilisés couramment dans les plastiques, les textiles et les équipements électroniques. Ils sont reconnus comme des perturbateurs endocriniens c'est-à-dire qu’ils vont avoir des effets indésirables sur la santé en modifiant le fonctionnement des cellules. Des études ont déjà fait le lien entre la toxicité de ces substances chimiques et l’infertilité masculine.
 
Cependant, les scientifiques manquent encore de données chez les femmes concernant les risques liés à l’exposition des RFB sur la fertilité et le développement du fœtus. Les chercheurs du Centre universitaire de santé McGill (CUSM) passent les RFB sous la loupe afin de déterminer les risques pour la santé des générations à venir.
 
« Une des raisons pour laquelle nous devons mener ce genre d’étude est que nous sommes exposés chaque jour aux RFB, et nous n’avons aucune idée des conséquences que cette exposition quotidienne pourrait avoir sur notre santé à long terme », lance la docteure Cindy Goodyer, chercheuse principale de l’étude et directrice du Laboratoire de recherche en endocrinologie à l’Institut de recherche du CUSM à L’Hôpital de Montréal pour enfants. « De plus, en Amérique du Nord, l’utilisation des RFB est dix fois supérieure à celle ailleurs dans le monde », ajoute Dre Goodyer, qui a mené l'étude en compagnie du Dre Barbara Hales.
 
Selon la docteure Patricia Monnier, obstétricienne-gynécologue spécialisée en infertilité au Centre de reproduction McGill et co-chercheuse de l’étude, le nombre de couples qui se présentent dans les cliniques de reproduction afin d’avoir recours à la procréation assistée augmente. « L’infertilité chez la femme est beaucoup moins documentée que chez l’homme; il était donc nécessaire d’étudier l’effet de l’exposition des RFB sur les femmes qui ont des problèmes de fertilité mais aussi sur les techniques de fécondation in vitro ». ajoute la docteure Goodyer.
 
Les chercheurs vont mesurer la quantité de RFB en prélevant quelques cheveux des futures mamans ainsi que le liquide et les cellules qui entourent l’ovocyte ou l’œuf.  Ils regardent ensuite si l’exposition aux RFB modifie certains gènes de l’ovocyte. « C’est une chance inouïe pour nous de pouvoir observer l’environnement immédiat dans lequel l’ovocyte se développe. Nous pouvons ainsi étudier l’exposition de la femme aux RFB ainsi que l’exposition de l’ovocyte », explique la docteure Goodyer.
 
L’exposition commence très tôt et il est prouvé que le fœtus est exposé dès la huitième semaine de la vie fœtale, nous informe la chercheuse. « Ces contaminants posent problème car ils s’accumulent dans l’organisme et ils restent présents longtemps dans l’environnement », ajoute-t-elle.
 
Selon la docteure Monnier, « Le problème est particulièrement préoccupant pour les femmes enceintes, car ce sont elles qui donneront naissance à la future génération».
 
Cette étude, financée par les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), a débuté à l’automne 2009 et prévoit recruter 300 femmes. Les résultats sont attendus en 2014.