Rationaliser les soins d’urgence pour améliorer les services

Par MONIQUE MUISE, The Montreal Gazette
 
Une visite à l’urgence est presque toujours une expérience désagréable.
 
Lorsqu’un patient arrive, il est fort probablement déjà en douleur, et la perspective d’attendre des heures dans une salle bondée d’adultes qui reniflent et de bébés qui crient ne fait qu’ajouter au désagrément. Les médecins, les infirmières et les planificateurs du Centre universitaire de santé McGill étaient très conscients de cette problématique lorsqu’ils ont commencé à faire les plans des installations d’urgence du nouveau super hôpital de Montréal. Et bien qu’ils n’en soient pas à promettre que l’urgence deviendra la prochaine destination courue de la ville, ils espèrent en faire une expérience beaucoup moins exténuante.
 
« Le nombre absolu d’espaces de traitement ne change pas, mais la configuration de l’ensemble de l’unité sera très différente », explique Harley Eisman, directeur de l’urgence médicale à L’Hôpital de Montréal pour enfants. « Même à votre arrivée, vous serez abrité aussitôt sorti de votre voiture… ce qui est bien différent de ce que nous avons aujourd’hui. »
 
Les nouvelles salles d’urgence disposeront d'un système beaucoup plus simple pour recevoir et traiter les patients, précise le Dr Eisman. Quand un patient se présentera aux urgences pour adultes ou enfants, qui resteront séparées, ils seront vus par une infirmière de triage et seront enregistrés dans la même salle au même moment. Ils se verront ensuite désigner une salle de traitement en fonction de leur état et des soins dont ils pourraient avoir besoin. Idéalement, ils ne quitteront pas cette salle avant de quitter l’hôpital, ce qui, espère le CUSM, réduira les déplacements de patients et, par conséquent, la propagation des infections.
 
La nuit, lorsque le volume de patients chute fortement, les salles d’urgence pourront être physiquement « rétrécies » en conséquence, explique le Dr Eisman, permettant au personnel de travailler plus efficacement dans des quartiers plus petits tout en conservant une bonne ligne de vue dans toute l’urgence.
 
Selon Mme Micheline Ste-Marie, directrice associée des Services professionnels à L’HME, la possibilité de planifier cette nouvelle disposition en partant de zéro avec l’aide des médecins et des infirmières qui y travailleront a été un énorme avantage.
 
« Le plan fonctionnel initial a été déposé en 2002, dit-elle. Puis, il a quelque peu évolué et il ne ressemble certainement pas à ce qu’il était en 2002, parce que les traitements médicaux ne cessent d’évoluer. »
 
Une des choses que ne peut prévoir un concept stratégique, c’est le problème permanent des débordements. Les urgences de Montréal sont pleines à craquer depuis les dernières semaines, et le Dr Eisman explique que même si l’espace physique de l’urgence pédiatrique va doubler dans le nouvel établissement, la capacité demeurera de 180 à 240 patients par jour. Et il en sera de même à l’urgence pour adultes.
 
« Les problèmes de débordement ne disparaîtront pas, reconnaît le Dr Eisman. Mais la qualité des soins s’améliorera énormément ».
 
Selon Mme Ste-Marie, la meilleure façon de faire face au problème de débordement c’est encore de se concentrer sur l’amélioration des services de soins dans les établissements cliniques à l’extérieur de l’urgence.  
 
« Quarante pour cent des patients qui se présentent dans nos urgences ne devraient pas s’y trouver, dit-elle. Au lieu d’être obligés d’attendre des heures, ils seraient bien mieux servis au CLSC… ou dans une autre clinique de soins. L’impulsion doit se faire à l’extérieur; alors nous pourrons prendre soin de ceux qui en ont vraiment besoin. »
 
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