Soigner l’esprit pour guérir le cerveau

« La santé mentale et la santé physique sont étroitement liées », nous dit la Dre Maria Sufrategui, qui est pédopsychologue et neuropsychologue à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) depuis 28 ans. Le département de psychologie de l’HME travaille avec des patients qui sont hospitalisés ou qui sont déjà suivis par des spécialistes d’autres départements pour diverses raisons. Ses activités cliniques consistent entre autres à aider les patients à composer avec une maladie chronique ou potentiellement mortelle, un deuil ou des problèmes de comportement qui peuvent nuire au respect du traitement. Une grande partie du travail consiste à établir un profil neuropsychologique, c’est-à-dire comprendre comment le cerveau d’un patient fonctionne pour déterminer si le développement de son cerveau est affecté par sa maladie. 

Après de graves crises d’anxiété et de convulsions, des examens ont révélé que Mathilde, 13 ans, avait une tumeur au cerveau. Son neurochirurgien l’a dirigée vers la Dre Sufrategui pour une évaluation neurocognitive afin de comprendre les effets de la tumeur sur le raisonnement abstrait, la mémoire, le traitement, le fonctionnement exécutif et les aptitudes langagières de Mathilde. Comme Mathilde l’explique, « nous travaillons avec des formes, des couleurs, des nombres et des lettres pour trouver quelle partie de mon cerveau fonctionne ».

En plus de déterminer quelles fonctions sont affectées par la tumeur, la Dre Sufrategui travaille avec les patients pour gérer les effets qu’un tel diagnostic peut avoir sur leur vie de tous les jours, comme les maux de tête, la tristesse ou l’anxiété qui accompagne l’attente d’une opération majeure. « C’est important de nous occuper de ces problèmes-là, parce qu’ils peuvent nuire au rétablissement après l’opération », affirme la Dre Sufrategui.

Une autre tâche qui incombe au département, c’est d’aider les patients à se rétablir après un traumatisme craniocérébral léger. Serena, 15 ans, a subi une grave commotion cérébrale après être tombée de cheval en juillet dernier. Elle a été dirigée vers la Dre Sufrategui par la clinique des commotions cérébrales de l’HME pour l’aider à se rétablir. « La commotion cérébrale a bouleversé la vie de Serena, alors nous avons travaillé ensemble pour l’aider à se concentrer sur sa guérison », explique la Dre Sufrategui. Serena était incapable de passer toute une journée à l’école sans souffrir de maux de tête, avoir des nausées et se sentir épuisée. « J’étais anxieuse à cause de la lenteur de mon rétablissement, j’avais l’impression que ma vie m’échappait, mais la Dre Sufrategui m’a aidée à comprendre que m’en faire avec ça pouvait empirer les choses », raconte Serena.

Pour aider Serena à se rétablir, la Dre Sufrategui lui a recommandé d’apporter plusieurs changements dans sa vie, comme éviter les environnements où la stimulation est intense, ne pas utiliser d’appareils électroniques pendant plus d’une heure par jour, respecter une discipline de sommeil stricte, et reprendre l’école de manière graduelle. Serena a fait de petits pas en avant qui, elle le voit maintenant avec le recul, ont entraîné d’importantes améliorations. Aujourd’hui, elle a repris l’école à plein temps et elle vient de faire son premier examen depuis le début de l’année scolaire. « La Dre Sufrategui m’a appris à être patiente avec moi-même, au lieu de me forcer et de prolonger le processus de guérison », explique Serena, qui est très heureuse que sa vie reprenne son cours normal.