Une journée dans la vie d’un… spécialiste en génie biomédical

Quand on lui demande ce qui le distingue dans son travail, Chetanand Gopaul répond fièrement : « J’ai une bonne écoute ». Originaire de l’île Maurice, Gopaul travaille au Centre universitaire de santé McGill (CUSM) depuis plus de 10 ans. Après l’obtention d’un diplôme en génie électronique à l’École polytechnique de North London, Gopaul est rentré chez lui pour faire carrière comme consultant au sein d’une firme d’ingénieurs. « J’aimais mon travail, mais mon beau-frère passait tous les jours à la maison pour me dire que l’hôpital local embauchait des ingénieurs, se rappelle-t-il. Après des semaines à l’envoyer balader, j’ai décidé d’aller voir pourquoi on en faisait toute une histoire. »

Après avoir rencontré le chef du département de génie biomédical, Gopaul s’est tout de suite vu offrir un emploi, avec toutefois un désavantage : le salaire était moitié moins élevé que ce qu’il gagnait. « Le directeur biomédical m’a dit qu’il ne pouvait pas m’offrir mieux, mais que ce serait la meilleure décision que je puisse prendre », dit-il. Indécis, Gopaul a quitté l’hôpital et est retourné travailler, mais en rentrant à la maison, il a changé d’idée. « Je ne sais toujours pas ce qui m’est passé par la tête, mais j’ai décidé d’accepter l’emploi. C’est effectivement la meilleure décision que j’aie jamais prise. »

Vingt ans plus tard, Gopaul est encore passionné par le domaine du génie biomédical; en fait, il est même retourné sur les bancs d’école pour faire un doctorat en génie biomédical à l’Université de Keele. « Mon travail a un impact direct sur les soins formidables que nous offrons à nos patients, dit-il. Je fais partie de quelque chose de spécial. » Le travail de Gopaul, qui est basé au site Glen, consiste à remplacer et acheter de nouvelles pièces d’équipement pour l’Hôpital de Montréal pour enfants. « Je travaille chaque jour sur des projets différents pour l’hôpital et la Fondation, notamment en faisant des recherches pour l’achat de nouveaux équipements médicaux », dit-il. Chaque année, le CUSM commande en moyenne 5000 nouvelles pièces d’équipement. « Sur une base quotidienne, ce sont sept nouvelles pièces d’équipement qui arrivent au Glen », dit Gopaul.

Le département, logé au BS2, se compose de cinq spécialistes biomédicaux, aussi appelés professionnels, et 20 techniciens; mais il y a aussi des équipes biomédicales à l’Hôpital général de Montréal, à l’Hôpital Lachine et à l’Hôpital neurologique de Montréal. « Travailler pour un hôpital universitaire a de grands avantages, parce qu’on demande et on recommande toujours les meilleures technologies biomédicales qui existent, dit-il. Ça en fait un milieu de travail passionnant, parce que la technologie évolue sans cesse et qu’on l’utilise de plus en plus pour soigner les patients. »

Quand une pièce d’équipement brise et ne fonctionne plus au meilleur de ses performances, ou qu’elle s’avère trop coûteuse à réparer – c’est-à-dire qu’il est plus logique financièrement de la remplacer que de la réparer – l’utilisateur FINAL (le nom donné à la personne qui demande l’équipement) remplit un formulaire de demande d’équipement biomédical. Le projet est alors assigné à l’un des spécialistes biomédicaux. « Je prépare les spécifications techniques en fonction de la demande de l’utilisateur FINAL. C’est à ce moment-là que je commence ma recherche, explique-t-il. Je regarde les technologies les plus récentes disponibles et je détermine ce qui convient à nos besoins et garantit un investissement de valeur. »

Les techniciens, aussi appelés ouvriers d’atelier, entretiennent, réparent et étalonnent l’équipement médical. Les pièces d’équipements mobiles sont descendues dans leur espace de travail pour y être réparées, tandis que les appareils non mobiles, comme le microscope monté au mur, sont réparés en place. Chaque technicien est affecté à un secteur différent dans l’hôpital. Certains travaillent dans des domaines spécifiques, tandis que d’autres sont affectés au soutien de départements entiers. Si quelque chose ne peut pas être réparé ou est trop coûteux à réparer, les techniciens demandent à l’utilisateur FINAL de remplir un formulaire de demande d’équipement pour le remplacer. Dans d’autres cas, si un produit peut être réparé, mais que ce travail dépasse leurs compétences, il est retourné au fabricant.

« Notre département dépend du travail d’équipe. En tant que professionnels, nous ne pourrions pas faire notre travail correctement sans les techniciens, et l'inverse est tout aussi vrai », de dire Gopaul. Si l’équipement est fonctionnel, mais qu’il ne répond plus aux normes du CUSM, on l’offre gratuitement à d’autres organismes. « Il est envoyé soit à des hôpitaux du Québec ou d’autres pays qui en ont besoin, soit à des cégeps pour la formation. »

Gopaul raconte que l’industrie biomédicale a changé énormément au cours des 10 dernières années. Par la recherche et la concurrence, les entreprises biomédicales peuvent désormais proposer une technologie d’avant-garde de haute qualité à prix raisonnable. « Le marché est devenu très compétitif ces dernières années. Avant, on avait l’habitude de faire affaire avec un fabricant qui avait un monopole complet sur tout le marché, dit-il. Aujourd’hui, on peut en avoir plus pour notre argent. Dans certains cas, nous payons 25 000 $ au lieu de 60 000 $ pour une même pièce d’équipement. Ces entreprises ne cessent de rivaliser l’une l’autre. C’est impressionnant à voir. »

Il y a une pièce d’équipement biomédical qui l’a bien impressionné récemment, et c’est le microscope opératoire en craniochirurgie de l’HME. « Ce microscope fait tous les calculs de lui-même! », dit-il. Avec toutes les nouvelles technologiques disponibles sur le marché, Gopaul se tient informé en lisant constamment et en faisant des recherches sur les nouveaux produits. « Si je découvre une pièce d’équipement intéressante qui, à mon avis, pourrait nous être utile, je vais en parler à un utilisateur FINAL et lui suggérer d’y jeter un œil. »

« J’adore mon travail, parce que quand je regarde autour de moi, ici, je sais que j’ai travaillé fort pour m’assurer qu’on puisse travailler avec les meilleures technologies disponibles. Il n’y a rien d’autre que j’aimerais mieux faire. »