Une journée dans la vie d’une… technologue en imagerie médicale

Dès son plus jeune âge, Vicky Fortin a rêvé de travailler au bloc opératoire, mais elle n’a jamais voulu faire carrière comme médecin ou infirmière. Ce qu’elle voulait, c’était devenir technologue en imagerie médicale; et pendant un stage à Saint-Jérôme, elle a découvert un secteur de l’imagerie médicale qui lui permettait de marier son amour de la technologie à son attrait pour le bloc opératoire : la radiologie d’intervention.

Naviguer à travers le corps humain

La radiologie d’intervention est une spécialité de la médecine qui utilise la radiologie pour pratiquer des interventions peu invasives. Les technologues en imagerie médicale assistent les radiologistes interventionnels en se servant de l’échographie et de la fluoroscopie (un type de radiographie) pour guider de petits instruments, comme des cathéters et des aiguilles, à travers les veines, les artères et les organes du corps humain. « La fluoroscopie est une technique d’imagerie qui utilise les rayons X pour suivre le mouvement d’un objet en temps réel », explique Vicky.

En pédiatrie, on a souvent recours à la radiologie d’intervention pour mettre en place des cathéters centraux insérés par voie périphérique (CCIP). « Si on prévoit qu’un patient a besoin d’un accès IV à long terme pour recevoir des antibiotiques, on utilise cette procédure pour ne pas avoir à le piquer chaque jour avec une aiguille, dit-elle. On peut aussi s’en servir si l’accès IV d’un enfant est difficile parce qu’il est trop malade ou trop petit. »

Certains technologues en imagerie médicale, dont Vicky, ont une certification pour insérer les CCIP en toute autonomie. Si elle a du mal à trouver une veine, elle utilise l’échographie pour la trouver et la piquer. Puis, elle se sert de la fluoroscopie pour s’aider à déplacer le fil-guide et le cathéter dans la veine pour l’amener jusqu’au cœur. « L’extrémité du cathéter doit se trouver au-dessus du cœur pour donner un accès central aux infirmières, explique Vicky. Ça permet de laisser les cathéters en place plus longtemps, et certains médicaments sont mieux administrés à partir d’un site central. »

L’insertion d’un CCIP prend environ une heure, et les parents sont invités à rester aux côtés de leur enfant durant l’intervention. Les patients de moins de sept mois sont mis sous sédatif avec du sucrose, qui a tendance à avoir un effet apaisant naturel, tandis que le bras est gelé par une anesthésie locale. Avec les bébés plus âgés et les bambins, on utilise l’hydrate de chloral pour la sédation, ce qui les aide à dormir pendant presque toute l’intervention; quant aux enfants de trois à cinq ans, ils sont généralement mis sous anesthésie générale.    

En radiologie d’intervention, on fait aussi régulièrement des biopsies. Dans ce cas, on utilise l’échographie pour aider à localiser et prélever le tissu d’un organe ou d’une masse. Les cellules ou les tissus ainsi recueillis sont ensuite envoyés directement en pathologie.

Le rôle du technologue en imagerie médicale

En moyenne, Vicky voit de 15 à 20 patients par semaine, la plupart étant des nouveau-nés de l’unité de soins intensifs néonatals. « Nous sommes quatre technologues en imagerie médicale à travailler dans ce secteur, mais nous travaillons toujours par deux; l’un de nous travaille aux côtés du radiologiste tandis que l’autre reste au chevet du patient », explique Vicky. En radiologie d’intervention, les technologues en imagerie médicale participent activement à chaque intervention, du début à la fin. « Dans notre secteur, il n’y a ni infirmières ni éducatrices en milieu pédiatrique, alors il nous revient d’assurer la préparation et l’interaction avec les patients. »

Avant chaque intervention, Vicky organise la table stérile, prépare le patient, puis installe tous les moniteurs et les équipements. Pendant l’intervention, elle assiste le radiologue interventionniste en lui donnant le matériel dont il a besoin; elle s’occupe aussi de positionner et d’immobiliser le patient, tout en prenant des clichés et en contrôlant la qualité des radiations utilisées. « Nous prenons 4 radiographies par seconde, mais nous ne voulons pas surexposer l’enfant à des radiations inutiles; c’est donc à moi de limiter la zone exposée aux radiations », dit-elle.

Toutes les salles de radiologie d’intervention se trouvent de l’autre côté du corridor du bloc opératoire au 3e étage. L’espace est partagé par les équipes de l’HME et du secteur pour adultes. « Il y a quatre salles de radiologie d’intervention; trois sont rattachées à l’Hôpital Royal Victoria, et l’une est réservée à la pédiatrie », dit-elle. Des interventions y sont pratiquées trois jours par semaine, les lundis, mercredis et vendredis, mais Vicky est de garde 24 heures par jour, 7 jours par semaine en cas d’urgence.

La radiologie d’intervention en traumatologie

En cas de traumatismes, quand les saignements internes sont critiques, les patients subissent d’abord une tomodensitométrie pour trouver l’origine du saignement, puis ils sont transférés en radiologie d’intervention pour une intervention d’urgence. On utilise ensuite la fluoroscopie pour insérer le fil-guide et le cathéter. Une substance de contraste est injectée dans la circulation sanguine pour mieux mettre en évidence la zone affectée sur l’écran d’imagerie; quand le cathéter est en place près de la zone blessée, de petites bobines métalliques ou des particules de mousse (que l’on appelle particules d’embolisation) sont relâchées dans la circulation et se fixent d’elles-mêmes sur la région touchée pour coaguler le sang et arrêter le saignement. « Les particules vont ensuite fondre et être absorbées par le corps, mais les bobines restent là à vie », explique-t-elle.

Autre cas critique, c’est celui du patient qui présente une sténose veineuse ou artérielle, entraînant une pression élevée dans le vaisseau. Afin de faire diminuer la pression et de rétablir un bon débit sanguin, un cathéter est inséré dans la veine ou l’artère avec un ballon médical dégonflé. « Le ballon est monté sur le cathéter et est transporté par le fil-guide jusqu’à la zone rétrécie. Une fois-là, nous gonflons le ballon, ce qui a pour effet de rouvrir la veine ou l’artère, et de rétablir un débit sanguin normal, explique-t-elle. Nous avons des ballons de différentes dimensions selon la taille de l’enfant. » Ces deux cas sont rares en pédiatrie, mais ils peuvent se produire, et Vicky est toujours prête à passer à l’action.  

« J’adore mon travail, parce que ça me permet d’être dans l’action et que je peux voir l’effet positif de mon travail sur ces patients, dit Vicky. C’est important de savoir ce qu’on ne veut pas dans la vie pour clarifier ce qu’on veut vraiment. Il y a toute une composante psychologique quand vous travaillez en pédiatrie. Il ne s’agit pas seulement de placer des enfants sur une table et de prendre tout un tas de radiographies. Il faut leur parler, établir un contact avec eux, pour qu’ils comprennent pourquoi vous devez insérer une aiguille dans leur bras. C’est un travail difficile, mais tellement gratifiant. »