Anorexie atypique : un trouble alimentaire qui est difficile à détecter

1er au 7 février : semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires

L’anorexie atypique est un trouble alimentaire qui est plus fréquent chez les femmes et qui se caractérise par des comportements restrictifs et une peur de prendre du poids, mais où le critère d’amaigrissement, ou faible poids n’entre pas en compte, contrairement à l’anorexie mentale. En fait, le poids des patientes qui en sont atteintes est souvent dans les limites et même au-dessus de la normale pour leur âge. Cela rend l’anorexie atypique difficile à détecter, parce que les patientes ne correspondent pas à l’image classique d’une personne qui souffre d’anorexie. À l’âge de 13 ans, Caterina a reçu un diagnostic de trouble alimentaire, un véritable choc pour elle et sa mère, Chantale. « Quand nous avons eu le diagnostic, je me suis mise à pleurer; je ne pouvais pas croire que j’étais anorexique », rapporte Caterina.

L’intention de Caterina était d’être en santé et de passer plus de temps avec ses parents en s’entraînant avec eux. « Elle est passée d’un extrême à l’autre, et nous étions vraiment heureux pour elle, parce qu’elle nous disait qu’elle ne s’était jamais sentie aussi bien. Nous pensions aussi que c’était une bonne chose qu’elle passe moins d’heures devant l’ordinateur et plus à être active », raconte Chantale. Mais, les parents de Caterina ignoraient qu’elle s’entraînait aussi pendant une heure à la maison avant leur retour du travail, pour un total de plus de deux heures par jour, et que par conséquent son apport calorique était vraiment insuffisant. 

Des signes vitaux dangereusement faibles

Le cycle menstruel de Caterina s’est interrompu pendant plusieurs mois, ce qui a amené sa pédiatre à l’envoyer consulter la Dre Suzanne MacDonald, une pédiatre spécialisée en médecine de l’adolescence à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). La Dre MacDonald a découvert que Caterina avait perdu près de 8,2 kg en six mois. « C’est beaucoup de poids en peu de temps pour une adolescente », explique la Dre MacDonald. Comme la majorité des cas d’anorexie atypique, malgré sa perte de poids rapide, Caterina avait encore un poids santé pour son âge et sa taille. Mais, en plus de la perte de poids rapide, la Dre MacDonald a discerné d’autres comportements et signes d’anorexie, comme la privation alimentaire, l’abus d’exercices, la peur d’engraisser et, élément important, des signes vitaux dangereusement faibles.

Les bienfaits d’une thérapie familiale

Comme toutes les adolescentes qui présentent un trouble de l’alimentation, les patientes de l’Hôpital de Montréal pour enfants qui sont atteintes d’anorexie atypique sont traitées par une thérapie familiale, une forme de thérapie qui donne aux parents les moyens d’aider leur enfant à surmonter la maladie. En plus de cela, on a prescrit à Caterina le repos au lit pendant plusieurs semaines, jusqu’à ce que ses signes vitaux soient revenus à la normale. Ses parents devaient préparer trois collations et trois repas par jour pour Caterina, et s’assurer qu’elle les mange. « Nous avons suivi à la lettre tout ce que la Dre MacDonald nous a dit de faire », rapporte Chantale. Caterina a tellement bien réagi au traitement initial, qu’elle a repris progressivement le chemin de l’école et toutes ses activités physiques.

Le mois dernier, Caterina a chanté et dansé dans un spectacle à l’école, et elle admet qu’elle est assez fière d’elle. « Il y a quelques mois, je n’aurais jamais pu briller ainsi devant toute mon école. Mais depuis, et après tout ce que j’ai vécu, j’ai trouvé le courage de chanter et de danser, et c’était formidable. » Voici son conseil pour toute personne qui a un trouble alimentaire : « Entourez-vous de gens qui vous soutiennent. »

Les signes à surveiller

La Dre Holly Agostino, directrice du programme des troubles alimentaires à l’HME, rapporte que la clinique voit de plus en plus de cas d’anorexie atypique. « Souvent, la famille, les amis et même les médecins trouvent difficile de détecter ces cas, parce que les patientes ne correspondent pas au stéréotype d’une personne souffrant d’anorexie. En fait, certains comportements sont même souvent encouragés parce qu’ils semblent sains, explique la Dre Agostino. Il est important de se rappeler que le poids de la patiente n’est pas un critère fondamental d’un trouble alimentaire. Des patientes qui ont un indice de masse corporel (IMC) normal peuvent quand même avoir une maladie très grave et potentiellement mortelle. »

À quel moment les familles doivent-elles s’inquiéter? 

Voici quelques indications d’un possible trouble alimentaire :

  • exercices à outrance
  • préoccupation marquée pour le poids et les calories
  • cycle menstruel irrégulier
  • perte de poids rapide
  • restriction alimentaire 

Si une adolescente évite de s’asseoir à la table ou trouve des prétextes pour ne pas manger (comme « j’ai déjà mangé » ou « je n’ai pas faim »), ça peut être signe qu’elle évite la nourriture. La malnutrition peut avoir de nombreuses conséquences médicales graves, comme des signes vitaux faibles, ce qui peut être très dangereux. Si vous pensez qu’une personne de votre entourage (famille ou amie) est aux prises avec un trouble alimentaire, prenez rendez-vous avec son pédiatre ou conduisez-la à l’urgence pour qu’elle puisse recevoir, comme Caterina, le soutien professionnel dont elle a besoin.