L’accident nucléaire du Japon n’affectera pas les Canadiens
Par Pamela Toman
La crise nucléaire qui frappe le Japon à la suite du terrible séisme et du tsunami, conjuguée à l’intense couverture médiatique de la situation à la centrale nucléaire de Fukushima, soulève bien des inquiétudes. Christian Janicki, responsable du service de la radioprotection au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), affirme toutefois que l’accident nucléaire ne présente aucun risque pour les Québécois.
Responsable de la gestion des licences de sécurité nucléaire au CUSM et personne-ressource auprès de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, M. Janicki a pour rôle d’assurer la sécurité publique et environnementale en lien avec l’exposition aux radiations. Les radiations sont employées couramment au CUSM en imagerie diagnostique et à des fins thérapeutiques. Afin de départager fiction et réalité sur ce sujet, nous lui avons posé quelques-unes des questions qui reviennent le plus souvent.
Q. À quel moment une exposition aux radiations devient-elle excessive?
L’unité de mesure scientifique pour une dose de radiation, habituellement désignée comme dose équivalente efficace, est le millisievert (mSv). Un tomodensitogramme du corps entier, utilisé au CUSM à des fins diagnostiques, expose un patient à une dose de radiation d’environ 25 millisieverts, un niveau qui représente un très fiable risque, fait valoir M. Janicki. Dans la centrale de Fukushima, le niveau de radiation a atteint l’équivalent d’un tomodensitogramme en une heure à peine, selon l’agence de la sécurité nucléaire du Japon[1] .
« Les personnes qui courent le plus de risque d’absorber des doses élevées de radiation sont les travailleurs japonais de la centrale nucléaire sinistrée de Fukushima, et les personnes qui vivent à une distance de 20 à 30 kilomètres des réacteurs, dit-il. Les niveaux de radiation rapportés autour de la centrale nucléaire étaient d’environ 100 à 200 millisieverts par heure, mais il faut savoir que ces niveaux et les risques associés à ces niveaux ne s’appliquent qu’aux personnes qui se trouvent à grande proximité du site nucléaire. »
Q. Les habitants du Québec devraient-ils prendre des comprimés d’iode pour se protéger de la maladie des rayons?
Non, affirme M. Janicki, faisant écho aux déclarations des responsables canadiens de la santé qui soulignent qu’il n’y a pas de risque d’empoisonnement aux radiations au Canada. « Les installations japonaises sont très éloignées, rendant le risque que des radiations nuisibles traversent le Pacifique et nous touchent, ici au Québec, extrêmement faible », affirme-t-il.
Dans certaines pharmacies canadiennes, on a rapporté une augmentation du nombre de clients réclamant de l’iodure de potassium, qui est censée protéger contre la maladie des rayons. L’un des médecins en chef du Canada, le Dr Perry Kendall, invite les résidants à résister à l’envie d’accumuler des stocks d’iodure de potassium, affirmant aux Canadiens inquiets que ce n’est pas nécessaire. Le Dr Kendall explique qu’il faudrait cinq à six jours aux radiations pour traverser le Pacifique, et qu’à ce moment-là, elles auraient été dispersées dans l’atmosphère.
De plus, l’usage de comprimés d’iodure de potassium peut être dangereux, et certaines personnes peuvent faire de graves réactions allergiques pouvant mener à un choc anaphylactique. Par conséquent, il faut prendre de l’iodure de potassium uniquement si les autorités sanitaires publiques le jugent nécessaire en cas d’urgence déclarée.
Q. Avez-vous un conseil à donner aux parents qui s’inquiètent des radiations pour leurs enfants?
M. Janicki affirme qu’il faut rester calme et éviter de s’inquiéter d’un empoisonnement aux radiations. « Il n’y a pas de raison de croire que les Canadiens doivent se soucier de prendre quelque précaution que ce soit dans un proche avenir », affirme-t-il.
Pour de plus amples renseignements sur les radiations, visitez l’un des sites suivants :