Les enfants ont plus tendance à cacher leur douleur qu’à l’exagérer, affirme le Dr Finley. « Un enfant n’admettra pas qu’il a mal et ne dira rien s’il craint d’être hospitalisé, de susciter l’angoisse ou la colère de ses parents, ou encore qu’on lui fasse une piqûre ou qu’on manipule son bras cassé et qu’on lui fasse encore plus mal », ajoute-t-il. Il est donc important de demander directement à un enfant s’il a mal.
Le traitement par les « 3 P »
Un traitement efficace de la douleur passe par les « 3 P » : intervention psychologique, physique et pharmacologique.
L’intervention psychologique, comme les techniques de respiration profonde, la distraction et l’utilisation d’imagerie peut s’avérer très bénéfique. Parmi les traitements physiques de la douleur, les plus courants sont l’application de compresses chaudes ou froides pour réduire la douleur ou l’oedème dus à des ecchymoses ou à des piqûres d’insectes ou le massage d’un orteil qu’on a cogné; on peut aussi donner à sucer à un nourrisson un liquide sucré pendant qu’on lui fait une injection.
La prise en charge de la douleur de l’enfant se fait au moyen de quatre principaux types de traitements pharmacologiques : les analgésiques non opioïdes, les opioïdes, les anesthésiants topiques et les adjuvants.
Les analgésiques non opioïdes en vente libre tels que l’acétaminophène ou les anti-inflammatoires non stéroïdaux (AINS ) comme l’ibuprofène sont généralement utilisés pour combattre la migraine, les rages de dents ou les otalgies. L’ibuprofène, qui a un effet anti-inflammatoire, est indiqué pour les douleurs musculosquelettiques telles que l’arthrite ou les blessures sportives. « La plupart des enfants souffrant d’otalgie sont traités avec de l’acétaminophène ou de l’ibuprofène », affirme le Dr Kaplan. Ces médicaments sont sans danger lorsqu’ils sont administrés occasionnellement aux enfants, fait remarquer la Dre Taddio, ajoutant qu’ils peuvent être utilisés pour faire baisser la fièvre ou atténuer la douleur à un bras après une vaccination, mais qu’ils ne sont pas efficaces pour éviter la douleur au moment de l’injection.
La morphine et autres opioïdes peuvent être prescrits après une amygdalectomie, une chirurgie de la hernie ou le traitement d’une fracture. La morphine peut être sans danger si elle est prescrite à des doses appropriées et en surveillant la dépression respiratoire, explique le Dr Finley. L’association d’acétaminophène ou d’ibuprofène avec de la morphine peut améliorer le soulagement de la douleur et permet de réduire la dose de morphine nécessaire. L’accoutumance est extrêmement rare chez les enfants de moins de 12 ans, indique le Dr Kaplan, bien que les adolescents soient enclins à essayer des drogues et que certains médecins se prononcent contre l’administration de codéine aux enfants, invoquant la fluctuation des taux sériques et la possibilité d’une surdose involontaire.
Au Canada, trois anesthésiants topiques sont offerts en vente libre : la lidocaïne/prilocaïne (EMLA ), l’améthocaïne (Ametop) et la lidocaïne liposomale (Maxilène). Ces médicaments sont efficaces pour traiter la douleur due à une injection, à la pose d’un cathéter ou à une prise de sang, et sont particulièrement indiqués pour les enfants hospitalisés qui subissent de nombreuses interventions. Toutefois, l’usage de ces crèmes n’est pas encore largement répandu en dehors des milieux hospitaliers, fait remarquer la Dre Taddio.
Différences de traitements entre les enfants
Les enfants ne sont pas de petits adultes. À mesure qu’ils grandissent et se développent, ils vivent des changements importants qui influent sur l’efficacité, la toxicité et le dosage des médicaments, explique Jessica Truong, B. Sc. Pharm., pharmacienne en hématologie-oncologie à L’Hôpital de Montréal pour enfants. Il est important de prendre en considération l’âge de l’enfant, ses problèmes de santé, l’intensité de sa douleur ainsi que son expérience antérieure de la douleur, et de choisir l’analgésique et la voie d’administration qui lui procureront un soulagement rapide et efficace, tout en étant conscient des effets secondaires possibles. Il arrive que l’on ait à modifier la posologie en fonction de la réponse initiale à un traitement.
Les pharmaciens doivent parfois préparer des formules médicamenteuses spéciales quand les jeunes enfants requièrent des doses inférieures à celles offertes dans le commerce. Ils peuvent également enseigner aux parents comment camoufler le mauvais goût d’un médicament. On peut mélanger un médicament liquide avec une petite quantité de jus ou de lait, on peut écraser et mélanger une pilule avec un peu de confiture ou de banane. Pour les enfants plus âgés, on peut enrober les pilules de nourriture. On peut également donner à l’enfant un aliment savoureux avant ou après le médicament.
Ressources pour les parents
Références :
1. Jacobson S. Common Medical Pains. Pediatr Child Health 2007;12(2):105-109
3. Stevens BJ et coll. Epidemiology and management of painful procedures in children in Canadian hospitals. CMAJ 2011;183:E403-E410. Accessible sur :
http://www.cmaj.ca/cgi/reprint/183/7/E403 . Consulté le 22 avril 2011.
4. Taddio A et coll. Reducing the pain of childhood vaccination: an evidence-based clinical practice guideline (sommaire). CMAJ 2010;182(18):1989-1995. Accessible sur :
http://www.cmaj.ca/cgi/reprint/182/18/1989 . Consulté le 22 avril 2011.
Cet article a paru dans L’actualité médicale et Québec pharmacie sous la rubrique Points de discussion: Gestion de la douleur. L’article a été republié avec la permission de Rogers Healthcare Group et CanadianHealthcareNetwork.ca.