Dre Janet Rennick s’intéresse aux répercussions psychologiques de l’hospitalisation aux soins intensifs sur les enfants Par Lisa Dutton
En temps normal,
la docteure Janet Rennick , chercheuse en sciences infirmières à L’HME, s’impose une judicieuse dose de rigueur scientifique dans tout ce qu’elle fait. Mais, hélas, quand il est question de Chloe, elle laisse parler son cœur, et non sa tête.
Chloe est la dernière venue au sein de la famille Rennick. Il s’agit d’un adorable chien d’eau portugais. Quand elle a choisi son animal de compagnie, Dre Rennick n’a pas fait de recherche. Comme son frère possède un chien d’eau portugais très calme et détendu, elle a opté pour la même race. Hélas, Chloe possède un ADN légèrement altéré… et la chienne de 20 kg déborde d’énergie.
Quand on demande à Dre Rennick ce qu’elle fait de son temps libre, elle s’arrête, réfléchis et explique : « Je n’ai pas beaucoup de temps libre. Comme mère qui travaille, j’essaie de passer le plus de temps possible avec mes enfants ». Et il y a Chloe!
Quand elle ne s’occupe pas de ses enfants et de son chien, Dre Rennick poursuit une recherche sur les répercussions psychologiques de l’hospitalisation sur les enfants. Elle s’intéresse d’ailleurs à ce sujet depuis 1991. Elle en a eu l’idée alors qu’elle était infirmière de chevet, et plus tard quand elle a travaillé comme infirmière clinicienne spécialisée à l’unité de soins intensifs. Des parents d’enfants qui avaient reçu leur congé de l’USI l’appelaient pour lui dire que leur enfant avait soudainement des problèmes à dormir ou qu’il avait peur du noir ou des bruits forts, ce qui n’était pas le cas avant son hospitalisation. C'est ça qui a soulevé l’intérêt de Dre Rennick pour cette question.
Elle a abordé le sujet avec ses collègues, mais certains rejetaient les observations des parents en affirmant que les enfants hospitalisés aux soins intensifs étaient trop sous l’effet des sédatifs pour se souvenir de quoi que ce soit. Dre Rennick n’en était pas aussi convaincue. Elle a donc décidé d’en faire son sujet de recherche.
Récemment, elle et ses collègues ont mis au point l'échelle de répercussion des maladies infantiles graves. Ce questionnaire en 23 points destiné exclusivement aux enfants de 6 à 12 ans a été conçu pour permettre aux professionnels de la santé de repérer les enfants qui ont besoin d’un soutien psychologique à la suite d’une hospitalisation. Dernièrement, son étude a fait l’objet d'une publication dans le Journal of Pediatric Critical Care Medicine.
Dre Rennick est fière des progrès qu’elle a faits dans ce domaine. « Quand les parents voient le travail que je fais, me disent que c’est important et que ça correspond à leurs propres expériences – que j’identifie des choses qu’ils voient chez leur enfant – je ne peux espérer mieux. Savoir que mon travail peut améliorer les soins aux patients, que je fais une différence… c’est important pour moi. »
Quand elle n’est pas plongée dans sa recherche, Dre Rennick agit également comme mentor et consultante auprès d’infirmières souhaitant mener leurs propres recherches.
Elle aimerait que davantage d’infirmières de L’HME entreprennent des recherches; mais, elle avoue que c’est difficile. Les infirmières peuvent être libérées de leurs tâches cliniques pour faire de la recherche. Cependant, il faut parfois beaucoup de temps pour mener une recherche à terme, et quand une infirmière reprend son travail en soins cliniques, elle n’a plus de temps réservé pour sa recherche. Par conséquent, celle-ci peut traîner durant des années. Malgré cela, Dre Rennick entend bien susciter l’enthousiasme pour la recherche en sciences infirmières. « J’aime penser qu’il y a des choses (traitements) que nous pouvons faire mieux. Le défi, c'est de rassembler toutes les preuves pour influencer l’art de prodiguer les soins en médecine et en sciences infirmières. »
Elle continuera donc à étudier les effets du temps passé à l’USI sur les enfants afin de rassembler des preuves et, éventuellement, d’améliorer l’approche de soins auprès de ces enfants.