Dépêches du Dr Sherif Emil en provenance du Rwanda : Le facteur humain, le meilleur espoir du Rwanda

Dépêche no 7

Le Rwanda dépense 111 $ par habitant en soins de santé, comparativement à 4 445 $ pour le Canada et 8 223 $ pour les États-Unis. À moins que l’économie connaisse une croissance exponentielle au cours des 20 prochaines années, il est peu probable que les ressources matérielles pour les soins de santé augmentent. Mais une autre ressource – les êtres humains – offre au Rwanda son meilleur espoir pour améliorer les normes de soins.

Au Centre universitaire hospitalier de Kigali (CHUK), chaque journée commence par le rapport matinal, lors duquel les résidents en chirurgie présentent les cas traités la nuit précédente ainsi que les cas en attente. Les résidents arrivent bien préparés et ont une bonne approche. Dans mes échanges avec les résidents et les étudiants, que ce soit en salle d’opération, au chevet des patients ou dans le cadre des cours magistraux, j’ai perçu une véritable soif d’apprendre. Lorsque nous avons pratiqué une laparoscopie de pointe, la salle était remplie de stagiaires vivement intéressés. À bien des égards, les résidents en pédiatrie me rappellent les pédiatres de partout ailleurs, de fervents défenseurs des enfants. Les médecins et les chirurgiens qui font partie du personnel s’investissent dans leur travail et veulent clairement amener le Rwanda à offrir des soins du plus haut niveau. J’ai dit à de nombreuses reprises que les médecins d’ici étaient des héros, et je le pensais.

Le centre universitaire est également un endroit unique de par son caractère international. En plus des médecins visiteurs, comme moi, et des infirmières qui proviennent des quatre coins du monde pour travailler ici quelques semaines ou quelques mois, les hôpitaux d’enseignement rwandais profitent d’un programme d’aide américain unique, le Human Resources for Health (HRH). Ce programme envoie au Rwanda des médecins, des chirurgiens et du personnel infirmier américains pour des périodes prolongées afin de pratiquer, d’enseigner et d’aider à transformer les soins de santé. J’ai été impressionné par la façon dont les médecins du HRH sont intégrés dans l’hôpital et interagissent avec leurs homologues et le personnel rwandais.

Le combat des patients rwandais pour recevoir des soins appropriés m’a aussi amené à réfléchir aux combats que mènent certains de mes propres patients dans le même but, en raison de l'absence d’assurances et de couvertures de soins de santé aux États-Unis, ou des constantes listes d’attentes et annulations au Canada. Le Rwanda est un pays pauvre qui a été dévasté par un génocide il y a moins de 20 ans. Il se classe au 150e rang mondial pour ses dépenses en santé. Les États-Unis et le Canada sont parmi les 10 premiers. Quelle est notre excuse?

Photo (en haut à gauche) : Des médecins rwandais du CHUK et des médecins américains du programme HRH travaillent en étroite collaboration.

 

Tournées en équipe : Avec une importante équipe de personnel médical, d'étudiants et de résidents en chirurgie après les visites.

 

Enseignement : Des étudiants et des résidents en chirurgie assistent à un cours magistral.

Le Dr Sherif Emil est chirurgien pédiatre et directeur du département de chirurgie pédiatrique à l’Hôpital de Montréal pour enfants. Son voyage au Rwanda fait partie du programme de McGill pour former les résidents en chirurgie de l’Université nationale du Rwanda et du Centre hospitalier universitaire Kigali.