Un arrêt cardiaque sur la glace

« Je me suis juste dit OK, je ne vais pas laisser ça ruiner ma vie. »

Jacob Dawes ne se rappelle pas bien le dernier match de hockey compétitif qu’il a joué. Le jeune homme de 15 ans a fait un arrêt cardiaque sur la glace; il a été transporté à l’urgence de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME) après avoir été réanimé grâce à des manœuvres de RCR et à l’utilisation rapide d’un défibrillateur. 

Pour un adolescent qui a joué au hockey toute sa vie, ne plus pouvoir rivaliser à ce niveau si tôt dans sa vie est encore un choc.

« Je gère. Je n’ai pas trop de mal à y faire face, mais c’est un gros changement », admet Jacob, qui a aussi été obligé de revoir ses plans de carrière, lui qui voulait devenir pilote d’avion. « J’étais bouleversé et honnêtement, je ne savais pas trop quoi penser de tout ça. Puis, je me suis juste dit OK, je ne vais pas laisser ça ruiner ma vie. Je le prends comme quelque chose qui fait maintenant partie de moi. »

La Dre Sylvia Abadir explique que ce qu’a vécu Jacob est très rare - sur 100 000 décès dus à un arrêt cardiaque, on n’en compte pas plus de 3 chez les personnes de moins de 40 ans. Les réflexes rapides des personnes qui étaient présentes au match ont eu des conséquences durables sur la vie de Jacob.

« Ça envoie un message clair à la population : il faut utiliser les manœuvres de RCR et le défibrillateur dès qu’on voit quelqu’un s’écrouler comme ça. Le réanimer si vite a permis qu’il récupère sans séquelles neurologiques », rapporte la Dre Abadir, pédiatre cardiologue. « Cet événement a eu un effet dramatique sur la vie de la famille, mais tous les membres ont réagi très positivement. J’ai commencé par lui rappeler qu’il était en vie, et qu’il serait capable de faire encore plein de choses. C’est nécessaire d’avoir une vision optimiste. »

D’après son père Rodney, l’attitude optimiste s’accordait parfaitement avec le caractère décontracté de surfeur de Jacob.

« Je me suis senti complètement désemparé, ne sachant pas ce qui se passait. Heureusement, il y avait des gens qui savaient quoi faire et qui lui ont sauvé la vie », raconte Rodney qui, avec Rose, la mère de Jacob, et leurs plus jeunes enfants, a suivi une formation de RCR et de premiers soins. « Aucun d’entre nous ne souhaite se retrouver dans une telle situation, avec ce sentiment d’impuissance. »

En attendant, la Dre Abadir avoue n’avoir aucun élément concluant pour expliquer ce que Jacob a vécu. Tous les membres de la famille ont été testés, et tous sont asymptomatiques. Il pourrait y avoir une mutation en jeu, mais pour l’instant, il faut attendre le retour des tests génétiques.