Un impact durable

L’impact qu’a une infirmière sur les soins aux patients, en particulier pour les enfants malades et leurs familles, peut se faire sentir pendant toute une vie. L’expérience de Charlize Aragona Turgeon, 12 ans, en témoigne bien. À l’âge de deux mois, Charlize a subi une opération à cœur ouvert vitale, faisant vivre à ses parents Chantale Turgeon et Mike Aragona des montagnes russes d’émotions pendant des semaines à l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). Ces premiers souvenirs sont essentiellement teintés d’incertitude et de peur. Mais, l’inquiétude ressentie s’est vite évaporée grâce aux efforts d’Elissa Remmer qui, par sa tendresse et son réconfort, a su rassurer la famille et nouer des liens d’amitié qui perdurent encore aujourd’hui.

« Les infirmières représentent tout dans la relation que vous avez avec l’hôpital. Savoir qu’une infirmière prendra soin de votre enfant quand vous devez quitter l’hôpital, savoir qu’elle le surveillera et s’occupera bien de lui en votre absence est vraiment réconfortant, dit Chantale. Être infirmière, c’est une vocation — elles vont au-delà de leur devoir et comptent au plus haut point pour les familles. »

Un privilège spécial

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) célèbre le travail et l’impact des infirmières en faisant de 2020 « l’année internationale du personnel infirmier». L’impact des soins infirmiers se fait sentir à l’HME depuis 1905 quand l’hôpital a ouvert sa propre école de formation. Quand la formation a été déplacée vers les cégeps et les universités en 1970, les infirmières ont pu se concentrer sur les soins directs alors que leur rôle professionnel à l’HME s’élargissait, avec une approche toujours orientée vers la famille.

Pour les membres de la famille de Charlize, il ne fait aucun doute que cette philosophie a eu un impact sur leur vie. Leur odyssée a commencé neuf jours après la naissance de Charlize le 24 juin 2007 avec sa première visite à l’HME où des tests ont montré qu’elle souffrait d’une maladie coronarienne. Charlize a été hospitalisée aux soins intensifs moins de deux mois plus tard en raison d’épisodes de cyanose. Le 30 août — jour de l’anniversaire de mariage de Chantale et Mike — Charlize a été opérée à cœur ouvert pour corriger un ventricule droit à double sortie imitant la tétralogie de Fallot (une maladie du cœur qui nécessite une intervention cardiaque corrective en bas âge). On avait informé les parents de Charlize qu’elle aurait peut-être besoin d’un stimulateur cardiaque et qu’il pourrait y avoir des complications, dont d’autres opérations et même d’éventuels blocages cardiaques. Toutefois, l’expertise du Dr Christo Tchervenkov, chirurgien cardiaque, a permis à Charlize d’éviter le stimulateur cardiaque et les complications graves!

«Quand Charlize est sortie de chirurgie pour aller en soins intensifs, c’est là que pour la première fois pour moi, en tant que mère, tout a lâché. Je me suis effondrée devant le poste des infirmières; Elissa est venue vers moi et m’a amenée dans une salle pour discuter — elle m’a pratiquement attrapée, se souvient Chantale. Elle a ensuite continué à surveiller Charlize régulièrement, elle venait et prenait soin d’elle, et quand on a enfin pu la prendre dans nos bras, c’est elle qui nous l’a amenée. Elle a fait partie de tous ces moments critiques de nos vies. Comme parents, vous pensez que votre enfant est en train de mourir et elle vous dit simplement “ce n’est pas un problème, nous allons prendre soin d’elle.” »

«Bébé, Charlize était mignonne et forte — je me souviens qu’elle souriait facilement, même juste après avoir été opérée. Elle voulait recommencer à bouger, raconte Elissa. Apprendre à connaître les familles quand elles sont le plus vulnérables est un privilège pour nous, et une de nos grandes responsabilités. »

Une amitié est née

Charlize connaît l’impact qu’Elissa a eu sur sa famille d’après les histoires que ses parents ont racontées.  « J’ai de la chance d’être amie avec Elissa, parce que c’est rare de vivre une amitié avec quelqu’un qui a pris soin de vous. Ce n’est pas tous les jours que des infirmières deviennent amies avec leurs patients », rapporte Charlize.

Elissa s’apprête à célébrer ses 15 ans à l’HME; elle a travaillé à l’unité de chirurgie comme infirmière de chevet, à l’unité de soins intensifs néonatals (USIN), comme infirmière spécialiste du traitement des plaies, et au service de gestion de la douleur. Elle occupe aujourd’hui le poste d’éducatrice en perfectionnement de la pratique infirmière à l’unité de soins intensifs néonatals. Quel que soit l’endroit dans l’hôpital où se trouve Elissa, Charlize et sa famille se font un devoir de lui rendre visite et de se mettre à jour chaque fois qu’un rendez-vous annuel ou bisannuel est prévu. Mike a même téléphoné une fois de San Francisco afin qu’Elissa sache exactement où avait lieu le rendezvous de Charlize pour que la visite ne tombe pas à l’eau! Elissa chérit la relation de longue date qu’elle entretient avec la famille depuis l’opération de Charlize. Elle dit avoir de la chance qu’en plus de recevoir des visites à l’hôpital, elle puisse suivre la vie de Charlize en personne et assister à ses exploits par le biais des médias sociaux.

« Les conseils et le soutien sont au cœur de notre travail comme infirmières. Mais je pense que le plus important, c’est simplement d’être présentes, d’être là pour les familles quoiqu’elles traversent. Les enfants sont certains des êtres les plus courageux au monde — ce sont souvent les parents qui souffrent le plus de voir leurs enfants subir des opérations et des traitements, souligne Elissa. Essentiellement, prodiguer des soins infirmiers, c’est voir le visage humain en toutes situations. L’Année du personnel infirmier est une formidable occasion de mettre en lumière l’importance de notre travail. »