Un nouvel éveil

La formidable résilience d’une jeune femme face à une maladie potentiellement mortelle

C’était la première belle journée ensoleillée de mai 2014 et Raphaëlla Vaillancourt, 17 ans, était impatiente de prendre sa planche à roulettes pour aller faire un tour. Novice de ce sport, elle en était encore à se familiariser avec les manœuvres, s’en tenant aux plus simples et s’efforçant de trouver le bon d’équilibre. « Je n’avais encore jamais descendu de côte », dit-elle lorsqu’elle raconte le moment où elle a sauté de sa planche pour éviter une pente abrupte.

« J’ai visé la pelouse, mais je n’ai pas atteint mon objectif », dit-elle. À la place, Raphaëlla est tombée sur le trottoir, atterrissant sur la mâchoire et s’ouvrant le menton.

Elle s’est rapidement dirigée vers l’hôpital le plus près pour faire suturer la profonde coupure. Malgré la douleur et l’inconfort, elle a réussi, quelques jours plus tard, à passer à travers toute une journée d’examens finals au cégep Montmorency.

Toutefois, quatre jours après l’incident de la planche à roulettes, l’état de Raphaëlla a commencé à se détériorer rapidement. « Tout à coup, je suis devenue tout enflée au niveau du cou, explique-t-elle. Ça empirait d’heure en heure. »

Pris de panique, ses parents l’ont conduite à l’urgence de l’Hôpital de Montréal pour enfants (HME). Une fois là, l’équipe médicale n’a pas perdu une seconde. Raphaëlla a été amenée précipitamment en salle de choc où elle a été évaluée par l’équipe de l’urgence. Elle était à moitié consciente et l’enflure se propageait à sa gorge mettant en péril sa capacité à respirer. L’équipe a donc inséré un tube dans sa gorge pour faciliter sa respiration. Puis, Raphaëlla a fermé les yeux; elle ne devait se réveiller que trois semaines plus tard.

Lutter contre une bactérie potentiellement mortelle

« Tout ce dont je me souviens, c’est d’être assise dans un fauteuil roulant à l’entrée de l’urgence... puis plus rien », raconte Raphaëlla, qui s’est réveillée d’un coma artificiel à l’unité de soins intensifs pédiatriques (USIP) de l’HME pour constater qu’elle était bien plus malade qu’elle n’aurait jamais pu l’imaginer.

Les spécialistes ont déterminé que l’enflure au niveau de son cou était causée par une très grave infection à « bactérie mangeuse de chair », appelée fasciite nécrosante. On sait que cette infection se propage très rapidement à la peau et aux tissus sous-jacents, et qu’elle peut être mortelle si elle n’est pas traitée de toute urgence.

La Dre Yolène Lacroix, chirurgienne cervico-faciale, a été appelée ce soir-là et a pratiqué une intervention d’urgence qui lui a sauvé la vie. Elle a retiré les tissus déjà endommagés et empêché la bactérie de se répandre plus avant dans l’organisme de Raphaëlla. « Elle a dû retirer un muscle de mon cou et sacrifier un nerf des deux côtés de ma bouche », explique Raphaëlla.

Pendant son séjour à l’hôpital, Raphaëlla a reçu la visite d’une multitude de spécialistes, allant des inhalothérapeutes aux infirmières en passant par les spécialistes en soins intensifs et maladies infectieuses. Durant et immédiatement après son opération, alors que son corps était encore en état de choc, elle a été soumise à d’intenses séances d’antibiothérapie pour s’assurer que la bactérie « mangeuse de chair » soit complètement éliminée de son organisme. De plus, comme la dangereuse infection avait affaibli ses poumons, elle a dû être branchée à un respirateur pendant toute la période où elle a été inconsciente afin de maintenir sa respiration stable et régulière.

Au réveil, une toute nouvelle réalité

Après trois semaines de coma, les médecins ont commencé à réveiller Raphaëlla tout doucement. « C’était vraiment bizarre, raconte-t-elle. Je pensais avoir dormi peut-être une semaine. Ils ont cessé progressivement à me donner des médicaments et j’ai commencé à paniquer. Je ne pouvais pas parler, je ne pouvais pas marcher ni sortir du lit... C’était vraiment une expérience épouvantable. »

Après qu’elle eut compris ce qui lui était arrivé, les membres de l’équipe médicale ont expliqué à Raphaëlla que la voie de la guérison serait longue. « Ils m’ont dit de ne pas penser retourner à l’école de sitôt. Ils ont ajouté que je pourrais éventuellement reprendre mes activités normales d’ici décembre. »

Mais dès juillet, Raphaëlla faisait des progrès remarquables. Grâce à ses rendez-vous quotidiens en physiothérapie et en ergothérapie, elle reprenait rapidement des forces et retrouvait son indépendance. « J’ai été capable de parler de nouveau, puis de me déplacer autour de mon lit. J’ai vu mon rétablissement comme un défi personnel à relever », souligne-t-elle. Et elle s’est montrée à la hauteur!

Après cinq semaines à l’HME, elle a été transférée dans un centre de réadaptation pour trois semaines, et en août, Raphaëlla a enfin reçu son congé. 

« C’était formidable d’être de retour auprès de ma famille et de mes amis », dit-elle avec le sourire. « J’ai appris combien ils avaient été nombreux à venir me rendre visite quand j’étais à l’hôpital, et c’était vraiment génial de revoir tout le monde. »

Aujourd’hui, Raphaëlla est une étudiante studieuse qui compte bien réussir ses études en littérature lorsqu’elle aura terminé son programme d’études en sciences sociales à l’été.

Reconnaissante d’être en bonne santé, Raphaëlla dit voir maintenant les choses d’un tout autre œil. « Je sors beaucoup avec mes amis pour rattraper mon été perdu », dit-elle avec un grand sourire. « L’expérience que j’ai vécue m’a vraiment marquée. Je profite maintenant pleinement de chaque journée. »